Tout l’été, le journaliste Jean-Christophe Piot, spécialiste d’histoire, revient sur quelques phrases célèbres mais fausses. Car non, Cambronne n’a jamais écrit que la Garde préférerait mourir que de se rendre, et Marie-Antoinette n’a jamais jeté aux Parisiens affamés « Qu’ils mangent de la brioche ! ».
Quand on parle de nazisme, il ne faut en général pas longtemps avant d’entendre cette phrase ordinairement attribuée à Hermann Goering, même si d’autres dignitaires du IIIe Reich sont parfois cités : le patron de la propagande allemande Joseph Goebbels, le théoricien Alfred Rosenberg, le chef des jeunesses hitlériennes Baldur von Schirach… Mais si Goering et les autres connaissaient la formule et l’ont peut-être même utilisée, ils n’en sont pas les auteurs.
Elle aura fait la joie de Goscinny et d’Uderzo qui ont rarement loupé une occasion d’y faire allusion dans leurs BD ou dans le film Les Douze Travaux d’Astérix : la phrase lancée à Brutus par un César mourant est sans doute l’une des citations latines les plus célèbres. Mais si l’amertume et la déception qu’elle exprime face à la trahison sont passées à la postérité, la formule pose plusieurs problèmes, à commencer par celui de sa véracité.
C’est beau, c’est noble, c’est généreux, c’est la France éternelle. Héroïque, la réplique du général nantais Pierre Cambronne aux Anglais qui lui demandaient de se rendre à Waterloo est hélas un poil trop belle. Retour sur une phrase assez emblématique pour avoir fait l’objet d’une enquête préfectorale…
C’est sans doute l’une des phrases les plus célèbres de la littérature. La réplique un tantinet condescendante de Sherlock Holmes au fidèle Watson est commode quand il s’agit de souligner la qualité d’un raisonnement – l’équivalent du bon vieux CQFD en quelque sorte. Seul souci : Conan Doyle ne l’a jamais écrite.
« Les États-Unis d’Amérique sont le seul pays passé de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation. » Cette phrase est en général attribuée à Albert Einstein. Non seulement c’est faux, mais retrouver l’origine exacte de la formule tient du casse-tête.
Ressortie à toutes les sauces, la formule est associée à un héros en particulier au point de se confondre avec lui : Spider-Man. Mais si Marvel a réussi à installer le mantra qui vaut à Peter Parker quelques solides dilemmes et autant de nuits blanches, ce n’est pas à l’esprit pourtant fertile de ses créateurs qu’on doit une réflexion qui remonte à la nuit des temps.
S’il y a bien une phrase qui a porté, c’est celle-ci. Méprisante et frivole, la formule traduit le caractère qu’on prête à « l’Autrichienne » : l’indifférence au sort des démunis, élevée au rang d’art de vivre et l’aveuglement de ceux qui ne voient pas que les tables sont en train de tourner. Problème : Marie-Antoinette n’a jamais dit ça.
Difficile de mieux illustrer le noble courage du savant persécuté qu’avec cette exclamation de Galilée. En quatre mots, la formule traduit le combat courageux de la raison contre la croyance et de la science contre la superstition. Il n’y a qu’un problème : rien ne permet de penser qu’il l’ait prononcée.
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