Si le G-20 de Toronto s'est soldé par un échec cuisant, c'est d'abord parce que les pays émergents, de la Chine au Brésil, n'y ont pas mis du leur. A quoi bon s'épuiser à s'entendre sur les scénarios de sortie de crise, quand la récession n'est plus qu'un lointain souvenir pour certains? Le G-20 canadien a donné à voir un monde fragmenté, entre une Europe inquiète et dans l'impasse, des Etats-Unis sur la défensive, et un monde émergent en pleine forme. La solidarité affichée lors des G-20 de Londres et de Pittsburgh a pris fin.
A la veille de Toronto, les poids lourds du Sud s'étaient fixé un double objectif, a minima, qu'ils ont parfaitement rempli. D'abord, un refus haut et fort de toute forme de protectionnisme en ces temps de crise. Ensuite, le blocage de tout projet collectif de taxe bancaire. «La problématique, pour des émergents comme l'Inde, n'est pas de réduire leur système financier, mais bien de le développer», précise Agnès Bénassy-Quéré, économiste à la tête du Cepii, pour expliquer cette divergence de fond. Le G-20 canadien n'a donc pas été un fiasco pour tout le monde.
Si le produit intérieur brut (PIB) des pays riches au sein de l'OCDE s'est contracté de 3,3% l'an dernier, le PIB des pays en développement, lui, a progressé, de 1,2%. Avec des performances particulièrement remarquables de la Chine (+8,7%), de l'Inde (+5,6%) ou de l'Indonésie (+4,6%). «L'épreuve de la crise est implacable», résume l'économiste Pierre-Noël Giraud, auteur de plusieurs livres de référence sur la mondialisation. «Les émergents, en particulier d'Asie, sont repartis de plus belle. Il est stupéfiant de voir les Chinois racheter en ce moment des actifs grecs... Les Etats-Unis, eux, s'en sortent à peu près, grâce à leur pouvoir politique unifié. Ce qui n'est pas le cas de l'Europe.»
Économie et social
G-20 : les émergents n’ont plus besoin de l’aide des pays riches
De la Chine au Brésil, les poids lourds du Sud sont sortis très satisfaits du sommet de Toronto quand l'Europe s'enlisait. Explication des cinq grandes tendances à l'œuvre dans cette redistribution de la richesse mondiale.
Le lien vers la page a été copié