Banques centrales: vers une révision majeure du dogme
La «Grande crise» est en train de provoquer une révision déchirante du dogme chez les banquiers centraux, où les hérétiques se manifestent désormais publiquement. En négligeant la formation des bulles spéculatives sur les actifs au prétexte que l'inflation était sous contrôle, les dirigeants des principales banques centrales, à commencer par l'américain Alan Greenspan, ont gravement failli à leur mandat. Ce qui était impensable devient incontournable. Analyse.
CeCe n'est pas tout à fait l'équivalent de l'abandon de la messe en latin par l'Eglise catholique mais ça s'en approche. La «Grande Crise» n'a pas seulement contraint les principales banques centrales à oublier toute prudence pour retenir le système financier mondial au bord du précipice. Elle va conduire à la réécriture des tables de la Loi sur un point fondamental: oui, les banquiers centraux peuvent et doivent intervenir pour prévenir la formation de bulles spéculatives sur les actifs, même quand la stabilité générale des prix n'est pas menacée. C'est ce que le vice-président de la Banque centrale européenne, Lucas Papademos, appelle dans un discours récent «marcher contre le vent», en ajoutant que l'hérésie d'hier pourrait devenir l'orthodoxie de demain.