Les annonces simultanées de très nombreuses suppressions de postes chez Auchan et Michelin ont été le point de départ d’un réveil brutal, pour le gouvernement comme pour les citoyens : l’automne 2024 marque le début d’une période noire pour l’emploi en France. Des usines sont menacées, de grandes entreprises se séparent de centaines de salariés. Et les politiques sont dans le brouillard.
L’emblématique usine chimique de Rouen, théâtre d’un gigantesque incendie en 2019, prépare le licenciement de 169 salariés. Les responsables syndicaux soulignent les dizaines de millions d’euros de bénéfices engrangés l’an dernier, et redoutent un démantèlement total.
L’entreprise spécialisée dans l’emballage de produits alimentaires est largement bénéficiaire. Elle a pourtant annoncé fin janvier la liquidation de son usine dijonnaise, la production étant envoyée dans d’autres pays européens.
Au pied des tours de la Défense, de grands drapeaux syndicaux ont virevolté mardi 4 février. Les salariés de CCF, ex-HSBC, ont débrayé partout en France. En décembre dernier, la direction a annoncé un plan de licenciements sans précédent : 42 % des salariés devraient être licenciés dans l’année.
Sur le site industriel de Jarrie, au sud de Grenoble, la tension est palpable après l’annonce de la suppression de 154 postes, consécutive à la mise en redressement de l’usine voisine de Vencorex. Salariés et politiques dénoncent la précipitation de la direction et déplorent l’inertie de l’État.
Caristes, chauffeurs-livreurs, préparateurs de commande... Le grand plan de licenciements, annoncé par Auchan début novembre, concernera aussi la livraison à domicile, laissant sur le carreau 224 salariés.
En trois ans, sans tambour ni trompette, l’opérateur internet et de téléphonie mobile fondé par Xavier Niel a fait chuter de 20 % le nombre de salariés de ses trois grands centres. Il mise désormais tout sur ses mini-unités Free Proxi, qui emploient déjà 2 000 personnes partout en France.
Le fonds d’investissement américain qui a racheté il y a un an la branche française de la banque HSBC va réduire sa masse salariale de manière radicale. Le 4 décembre, il a annoncé le projet de se séparer de 1 410 salariés et de 84 agences. C’est l’un des plus grands plans de licenciements en cours dans le pays.
Une note de l’Insee prévoit une hausse du chômage début 2025 et des destructions d’emplois dans la construction et l’industrie. Pourtant dynamique depuis 2017, l’emploi dans les services est désormais atone. Nouvelle preuve de l’échec de la politique de l’offre.
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Gouvernement aux choix austéritaires menacé, extrême droite en embuscade, et des emplois détruits par dizaines de milliers dans tout le pays. Mardi Mediapart donne la parole aux salariés concernés par la rafale de plans sociaux annoncés.
Auchan, Leroy Merlin, Chaussexpo... À l’occasion de la journée de mobilisation contre la vague de suppressions d’emplois, Mediapart dresse le portrait de syndicalistes du Nord qui se battent contre les licenciements dans ce secteur particulièrement malmené.
La censure du gouvernement rend quasi impossible le vote d’un nouveau budget pour 2025 avant la fin de l’année. Une solution tient la corde : l’adoption d’une loi spéciale qui reproduirait le budget 2024, tout aussi désastreux que le projet de budget 2025 qui a coûté son poste à Michel Barnier.
Decathlon va verser à son actionnaire, l’Association familiale Mulliez, un milliard d’euros de dividendes. Ce groupe détient aussi le distributeur Auchan, où près de 2 400 emplois sont menacés. La CFDT Decathlon appelle à une grève le 7 décembre.
Le Morbihan affiche de meilleurs chiffres du chômage que d’autres départements français, mais pour encore combien de temps ? Derrière la fermeture de l’usine Michelin de Vannes, une myriade d’emplois sont menacés ou supprimés dans le département.
En pleine saignée sociale, les ouvriers de l’usine automobile de Sochaux-Montbéliard, habitués aux restructurations, s’attendent au pire. Politiquement, le RN en profite, malgré la transmission du flambeau des luttes sociales de génération en génération.
Après le front politique et le front budgétaire, l’exécutif doit gérer la succession de plans sociaux qui menace l’économie. Un nouveau nuage dans un ciel déjà bien chargé et un dilemme pour la coalition au pouvoir : jusqu’où pousser la politique pro-business, au risque de rompre définitivement avec les classes populaires ?
Plusieurs centaines de salariés, militants syndicaux et habitants du quartier populaire de la Croix-de-Neyrat, à Clermont-Ferrand, ont pris possession pour quelques heures, vendredi, d’un hypermarché promis à la fermeture par le groupe Auchan. Leur message : non aux licenciements.