C'est une vague de peur qui enfle, et que rien ne semble pouvoir endiguer. La Banque centrale européenne, dernière voix autorisée pour la zone euro, n'a pas réussi à calmer les appréhensions: en refusant, jeudi 6 mai, de passer outre l'interdiction qui lui est faite par traité et de «monétiser» la dette grecque, c'est-à-dire d'acheter directement la dette publique grecque, elle s'est privée de la seule arme susceptible de calmer la spéculation, aux yeux de nombreux experts y compris de banquiers. Car le plan de sauvegarde de la Grèce, adopté par l'Union européenne et le FMI, n'a pas convaincu. De plus en plus de voix s'élèvent pour dire même qu'il est mort-né, avant même que les pays de la zone euro, réunis vendredi 7 mai, ne l'ait approuvé.
Dès lors, la crainte de voir la Grèce faire défaut est de plus en plus palpable. Sa dette est devenue un subprime: tout le monde cherche à s'en débarrasser. Vendredi, le rendement des obligations à 10 ans atteignait 12,28%, un nouveau record, tandis que la prime d'assurance – les fameux CDS – pour se couvrir des risques de faillite cotait 1.000 points de base, 100%! Un niveau qui est considéré comme un indicateur que le pays va faire défaut. Dans son sillage, la Grèce entraînait le Portugal – ses obligations à dix ans sont à plus de 6,18% –, l'Espagne et l'Italie.
Les banques, premières détentrices d'obligations d'Etats, se retrouvent en première ligne. Jeudi, l'agence de notation Moody's a insisté sur les risques d'une contagion des risques souverains aux systèmes bancaires. Selon l'agence, un tel risque pourrait se propager au Portugal, à l'Espagne, l'Irlande, l'Italie et le Royaume-Uni. Partie de la Grèce, cette crise mal gérée par l'Union européenne est devenue une crise de l'euro et des dettes souveraines et pourrait se transformer en une nouvelle crise systémique du système bancaire et financier, la deuxième en deux ans et demi.
#FREEMORTAZA
Depuis le 7 janvier 2023 notre confrère et ami Mortaza Behboudi est emprisonné en Afghanistan, dans les prisons talibanes.
Nous ne l’oublions pas et réclamons sa libération.