Économie et social

Grèce: à quel jeu a joué Goldman Sachs?

Une nouvelle fois, Goldman Sachs se retrouve sur la sellette. Le gouvernement grec soupçonne la banque américaine d'avoir joué double jeu, le conseillant d'un côté, spéculant contre lui de l'autre.

Martine Orange

Le gouvernement grec est en de plus en plus convaincu: Goldman Sachs n'est pas étranger à la panique qui a saisi les marchés depuis quinze jours. Athènes soupçonne l'organisme bancaire d'avoir joué, au cours de la dernière période, un double jeu: conseiller d'un côté, spéculateur de l'autre.
Le doute est né à la suite de la publication d'un article du Financial Times du 28 janvier. Le journal y raconte qu'une équipe de Goldman Sachs, qui vient juste de participer au placement d'une émission obligataire grecque de 8 milliards d'euros, travaille à aider le gouvernement grec pour placer sa dette auprès d'investisseurs étrangers. La banque américaine aurait négocié avec la State Administration of Foreign Exchange (SAFE), qui gère les dépôts en devises extérieures de la Chine, l'achat d'un paquet d'obligations de 25 milliards d'euros. L'hypothèse d'une prise de participation de la banque de Chine dans la banque nationale de Grèce aurait été aussi étudiée, mais selon le journal, le gouvernement grec aurait refusé de céder un des morceaux de la principale banque grecque.
Très vite, le gouvernement grec se sent obligé de faire une mise au point. Le ministère des finances confirme que «dans le cadre de l'emprunt du pays, il y a une recherche de diversification des sources». Un road show, précise-t-il, est programmé en février dans les principales capitales asiatiques et aux Etats-Unis, en vue de lancer de possibles émissions obligataires en devises étrangères et non plus en euro. Cependant, le gouvernement dément avoir mandaté Goldman Sachs pour démarcher la Chine. Sans démentir qu'il l'a pris comme conseil.
Mais le mal est fait. L'information avive alors toutes les craintes sur les marchés: si la Grèce est obligée de faire du démarchage, c'est qu'elle a du mal à placer sa dette. Les risques deviennent énormes, pensent les analystes. Le démenti du gouvernement grec convainc d'autant moins que les liens entre Goldman Sachs et la Grèce sont étroits depuis des années. La banque américaine est devenue le premier conseiller d'Athènes depuis son entrée dans l'euro. Dans une enquête publiée le 8 février, le magazine allemand Spiegel détaille les "conseils" apportés par Goldman Sachs. Il révèle comment la banque a aidé le gouvernement grec à masquer ses dettes, en lui fournissant notamment une ligne secrète de crédit de 1 milliard de dollars. Ce qui lui a permis de respecter en apparence les critères de stabilité imposés dans le cadre du traité de Maastricht, tout en continuant sa politique budgétaire et fiscale laxiste.

Réservé aux abonné·es

Se connecter

La lecture des articles est réservée aux abonné·es

Se connecter