Deux pièces marquantes de la fin d'année 2009, à Londres. A la demande de Nicholas Hytner, le directeur du National Theatre, David Hare a mis en scène The power of yes. Un texte autour du credit crunch, cet assèchement des liquidités dont le monde a été victime en 2008, à l'origine de la grande panique du secteur financier. Parmi les comédiens, un faux George Soros livre son analyse des dégâts. Quant à Rupert Goold, il a monté, au Royal Court Theatre, un Enron très discuté, du nom de ce gigantesque scandale comptable aux Etats-Unis, devenu symbole d'un capitalisme financier à la dérive. Pendant ce temps-là, à Paris, la crise n'a toujours pas franchi la porte des théâtres.
Il faut donc aller voir ailleurs – et d'abord en banlieue. Exception dans ce paysage français hermétique au dehors, Pascal Rambert présente, jusqu'au 20 février dans son théâtre de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Une (micro) histoire économique du monde, dansée. Sur le plateau, une cinquantaine de corps dansent des siècles d'économie. Tout y passe, depuis les dons et contre-dons de Marcel Mauss jusqu'à la crise des subprime de 2008, passant par la main invisible d'Adam Smith. Et Rambert parvient, en 90 minutes, à faire l'impossible: décortiquer sur scène, à partir d'une panoplie de gestes extrêmement simples, quelques-uns des rouages infernaux de l'économie mondialisée, et parfois, en extraire leur sève sensible.
Économie et social
Savez-vous danser le subprime?
A Gennevilliers, jusqu'à fin février, la crise économique est servie sur un plateau. Pascal Rambert met en scène une (micro) histoire économique du monde, dansée. On y croise entre autres vedettes, le philosophe Adam Smith, l'inventeur de la microfinance Muhammad Yunus ou encore le poète Stéphane Mallarmé. Une entreprise emballante de réchauffement de l'économie.