Économie et social Analyse

Réserve fédérale: la tentation de l'inflation

Après la crise financière, les Etats-Unis vont-ils exporter l'inflation? La croissance très rapide de la masse monétaire aux Etats-Unis sanctionne la fuite en avant de la Réserve fédérale américaine. Attention, danger!

Philippe Riès

John Makin, chercheur au très conservateur American Entreprise Institute, écrit noir sur blanc ce que certains pensent tout bas aux Etats-Unis : la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, doit faire marcher la planche à billet pour guérir les Etats-Unis de la gueule de bois consécutive à l'éclatement de la bulle immobilière. Pour M. Makin, qui défend sa thèse dans le Wall Street Journal du 15 avril, «la monétisation» est préférable à l'unique "alternative", une «nationalisation du marché hypothécaire». Certes, «il y a un risque substantiel que l'inflation puisse augmenter pour un temps», admet-il. Mais cela est préférable à une «sévère récession» qui rendrait inévitable un retour de bâton réglementaire sur les marchés financiers.
A dire vrai, la Fed a mis le doigt dans les deux engrenages, monétisation et nationalisation. Mais elle hésite encore à y plonger le bras tout entier.
Pour sauver in extremis un système bancaire au bord de l'implosion, la banque centrale, main dans la main avec le Trésor des Etats-Unis, n'a pas seulement organisé et financé le sauvetage de la banque d'affaires Bear Stearns. Elle a engagé plus des deux tiers de son bilan pour apporter de facto sa garantie à des actifs financiers en situation de détresse. Et elle a ouvert en grand tous les robinets de la création monétaire : baisse à six reprises de son principal taux directeur, ramené à 2,25% (soit très en dessous du niveau de l'inflation), réduction du taux d'escompte, création de nouvelles facilités permettant aux banques d'obtenir de la liquidité en échange d'actifs qui ne trouvent plus preneurs sur le marché.
Le tableau de bord publié chaque semaine par la Réserve Fédérale de St Louis, une des branches régionales de la Fed, donne la mesure de la débauche de création monétaire en cours aux Etats-Unis.

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