Aux assemblées générales du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, samedi à Washington, on avait prévu de fêter la bonne nouvelle: la reprise de la croissance mondiale devrait s'accélérer plus fortement que prévu dans les mois à venir. C'était sans compter sur un invité de dernière minute, le feuilleton grec, qui a empoisonné la fin de semaine américaine. Malgré l'appel au secours d'Athènes lancé vendredi, ouvrant la voie à une procédure d'aide conjointe de l'Union européenne et du FMI (télécharger la lettre de demande d'aide de la Grèce), chacun a exprimé de sérieuses inquiétudes quant à l'issue de la crise. Quitte à faire un peu plus le jeu des marchés.
D'abord, le montant du prêt continue de faire débat. «Certains pays pensent que ce n'est pas assez», a déclaré le ministre des finances canadien Jim Flaherty, exprimant tout haut ce que beaucoup commencent à penser tout bas. «Je fais référence à certains pays membres du G-20, y compris des pays européens. Ils tiennent à s'assurer que l'enveloppe sera suffisante, et qu'il ne faudra pas s'y reprendre à plusieurs fois.» Selon les termes de l'accord conclu en mars, le FMI apportera 15 milliards, et l'Union 30 milliards, sous forme de prêts bilatéraux.
L'enveloppe est considérable, mais reste modeste, face aux 300 milliards d'euros de dette grecque... Suffisante? Pour le Wall Street Journal, «le consensus du marché est tout vu: c'est non!». Dans le détail, chaque capitale de la zone euro devrait contribuer à hauteur de sa part de réserves au sein de la Banque centrale européenne. Ainsi, selon les calculs de BNP Paribas, Berlin pourrait prêter 8,4 milliards (soit 28% de l'ensemble), Paris 6,3 milliards (21%), ou encore Bruxelles 1,1 milliard (4%).
Autre épine dans le pied grec: l'Allemagne. La chancelière Angela Merkel continue de faire cavalier seul, en posant, une fois de plus, ses conditions pour accorder un prêt à Athènes. Une position d'autant plus inquiétante que l'Europe doit désormais aller très vite. L'objectif est de débloquer une première tranche d'aide d'ici au 19 mai. Dans un entretien au Journal du Dimanche, Christine Lagarde a elle aussi durci un peu le ton: «On est tous tenus d'être solidaires. Mais cela ne veut pas dire qu'il faille être complaisant.»
A Washington, l'absence du ministre des finances Wolfgang Schaüble, pour raison de santé, n'est pas passée inaperçue. «Personne ne critique personne», a lancé Alistair Darling, ministre de l'économie britannique. Avant de poursuivre: «Il est absolument impératif que, non seulement, le FMI conclue dès que possible un accord avec la Grèce, mais aussi que les membres de la zone euro tiennent les engagements qu'ils ont pris en matière de prêts à la Grèce.» Schaüble est censé négocier dès lundi avec des responsables du Bundestag, dont l'aval est indispensable pour débloquer ce prêt à Athènes.
Économie et social Note de veille
Le SOS grec tombe au mauvais moment
Crise institutionnelle en Belgique, menace d'un parlement sans majorité en Grande-Bretagne après le 6 mai, élection régionale à haut risque en Allemagne... L'appel au secours d'Athènes arrive à un moment délicat pour beaucoup de pays européens. D'autant que les inquiétudes sur le plan de sauvetage restent vives.
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