Économie et social

Le trou d'air américain va compliquer la reprise européenne

Le PIB américain a été révisé en forte baisse vendredi, à 1,6% d'avril à juin. C'est une nouvelle claque économique pour Barack Obama. Et cette croissance américaine qui ne redémarre pas constitue une inquiétude supplémentaire pour la relance en Europe, déjà très fragile.

Ludovic Lamant

Les déboires de l'économie américaine compliquent un peu plus la reprise poussive observée en Europe. Vendredi 27 août, les nouveaux chiffres de la croissance aux Etats-Unis ont encore assombri le tableau. D'avril à juin, le Produit intérieur brut (PIB) n'a pas progressé de 2,4%, comme annoncé en première estimation le 30 juillet, mais de 1,6% seulement, selon le département du Commerce. Une performance très inférieure aux deux trimestres précédents (respectivement +5% fin 2009 et +3,7% début 2010), qui renforce l'angoissant scénario du double dip, c'est-à-dire d'une nouvelle rechute de l'activité, après une reprise officiellement enclenchée il y a un an à peine.
Ces chiffres concluent une semaine particulièrement morose outre-Atlantique. Mardi, les marchés ont découvert consternés la chute, de 27%, des ventes de logements anciens en juillet, à leur plus bas niveau depuis 15 ans. Le lendemain, on apprenait le repli de 12% des transactions sur les logements neufs, toujours en juillet. Deux preuves que rien n'est encore réglé sur le front de l'immobilier. Par contre, la consommation des ménages, nerf de la guerre puisqu'elle représente les deux tiers du PIB aux Etats-Unis, s'est légèrement accélérée (+2% au deuxième trimestre, contre + 1,8% en début d'année). C'est sans doute la meilleure nouvelle de la semaine (elle était attendue à +1,6%).
Dans ces conditions, les espoirs sur le marché de l'emploi restent minces. La Réserve fédérale juge en général qu'une croissance comprise entre 2,8 et 3% suffit à peine à répondre à la hausse de la population aux Etats-Unis, et donc à faire que le taux de chômage, sinon ne baisse, en tout cas n'augmente pas. Avec une croissance à 1,6%, on est donc très loin du compte. Les conjoncturistes tablaient en moyenne sur une progression encore plus limitée, de 1,4%. D'où la réaction des Bourses ce vendredi, presque agréablement surprises par les chiffres. A l'approche de la mi-séance à Wall Street, le Dow Jones gagnait 0,6%.

A la veille des élections de midterm, au mois de novembre, les républicains sont montés au créneau et exigent les démissions de Timothy Geithner, secrétaire au Trésor, et Lawrence Summers, conseiller clintonien d'Obama. Les deux autres «experts» économiques du président, Peter Orzag et Christina Romer, ont, eux, déjà fait leurs valises. En creux, un an et demi après l'adoption du gigantesque «stimulus» de 787 milliards de dollars, c'est toute l'efficacité de la relance keynésienne de Barack Obama qui se trouve ainsi contestée (Mediapart en a déjà débattu ici et ). Des économistes annoncent même un retour à une «croissance négative» au troisième trimestre. La Réserve fédérale, une fois de plus, fait savoir qu'elle se tient prête à intervenir.

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