Malgré la flambée des prix pétroliers qui pèse de plus en plus lourdement sur l'inflation, et qui entame donc le pouvoir d'achat des Français, actuellement en baisse, le gouvernement est plus déterminé que jamais à ne pas faire le moindre geste. En particulier, plusieurs ministres ont, ces derniers jours, fait des déclarations suggérant que tout coup de pouce en faveur du Smic était exclu, bien que la loi en offre la possibilité chaque année au 1er juillet.
Le débat sur le pouvoir d'achat, qui embarrasse tant Nicolas Sarkozy et François Fillon depuis un an, risque, de fait, d'être relancé par les statistiques sur l'inflation, publiées mercredi 11 juin par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les chiffres de l'Insee (pour le détail, voir notre onglet Prolonger) sont en effet impressionnants. La hausse des prix a atteint le niveau de 0,5% en mai, ce qui porte le bilan sur les douze derniers mois en glissement, à +3,3%.
En valeur absolue, ce chiffre n'a bien sûr rien de dramatique. Même s'il est sans précédent depuis juillet 1991, il n'a rien à voir avec la hausse des prix à deux chiffres que la France a par exemple connue lors des deux précédents chocs pétroliers : +13,7% par exemple en 1974 au lendemain du premier choc, ou 13,6% en 1980 et 13,4% en 1981, sous l'effet du deuxième choc.
Prix à la pompe: +22,4% sur un an
Pourtant, les données de l'Insee sont plus alarmantes qu'il n'y paraît. Car par-delà l'indice général, certains postes montrent clairement qu'une dangereuse mécanique est à l'œuvre. Ainsi les prix de l'alimentation sont toujours sur une pente de très vive hausse : +1% pour le seul mois de mai et +5,7% sur un an. Or les dépenses d'alimentation, assez largement incompressibles – même si les ménages pauvres font de plus en plus de sacrifices en ce domaine –, rognent le budget des Français et pèsent à hauteur de plus de 16% dans la pondération de l'institut pour ce calcul de l'inflation.