La France étend le mécanisme lui permettant de protéger ses entreprises stratégiques d'appétits étrangers, en soumettant au feu vert du gouvernement les investissements dans les domaines de l'énergie, des transports, de l'eau, de la santé et des télécoms, via un décret publié ce jeudi au Journal officiel.
Ce décret pourrait permettre au gouvernement de bloquer les visées de General Electric ou Siemens sur le fleuron industriel français Alstom. Il devrait entrer en application vendredi, a indiqué à l'AFP l'entourage du ministre de l'économie Arnaud Montebourg.
En fait, le gouvernement aurait ainsi décidé d'élargir à cinq nouveaux secteurs le décret, datant du 30 décembre 2005 et signé par Dominique de Villepin, qui soumet un certain nombre d'investissements étrangers en France à l'autorisation du gouvernement. A l'époque, le premier ministre avait ciblé les activités liées à la défense et à la sécurité.
Désormais, avec le décret signé par Manuel Valls, l'autorisation du gouvernement sera nécessaire aussi pour les entreprises liées à « l'approvisionnement en électricité, gaz, hydrocarbures ou autre source énergétique », à « l'exploitation des réseaux et des services de transport », à « l'approvisionnement en eau », aux « communications électroniques » et à la « protection de la santé publique ».
« Le choix que nous avons fait, avec le premier ministre, est un choix de patriotisme économique, explique Arnaud Montebourg dans un entretien au Monde à paraître jeudi après-midi. Ces mesures de protection des intérêts stratégiques de la France sont une reconquête de notre puissance. Nous pouvons désormais bloquer des cessions, exiger des contreparties. C'est un réarmement fondamental de la puissance publique. La France ne peut pas se contenter de discours quand les autres Etats agissent. »
« Alstom entre dans le champ de ce décret comme d'autres entreprises stratégiques, poursuite le ministre de l'économie. Le pouvoir d'autorisation qu'il nous confère nous protège contre des formes indésirables de dépeçage et des risques de disparition. Il faut rappeler qu'Alstom est un maillon essentiel de notre indépendance énergétique. Avec ce décret, nous rééquilibrons le rapport de force entre les intérêts des entreprises multinationales et les intérêts des États, qui ne sont pas toujours alignés. »
A dix jours des élections européennes, ce décret semble également fait pour prouver que le politique peut faire preuve de volontarisme en économie.
France Dépêche
Investissements étrangers : la France se dote d'un droit de veto spécial Alstom
En plein rachat d'Alstom, le gouvernement s'arme pour défendre ses fleurons. Les groupes étrangers qui s'intéressent aux entreprises françaises stratégiques devront s'entretenir au préalable avec les pouvoirs publics.
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