Retour sur la condition ouvrière et le vote populaire
Depuis 2002, chaque présidentielle est l’occasion de redécouvrir qu’il reste six millions d’ouvriers en France. Et que de plus en plus d’entre eux s’abstiennent. Trois livres d’époque et de facture différentes – un collage documentaire inédit, une enquête ethnographique enrichie et une étude historique pionnière – donnent à voir le corps ouvrier, individuel ou collectif, et permettent de mieux saisir son rapport à la politique.
En 1934, la philosophe Simone Weil quitte son métier d’enseignante pour aller travailler comme « manœuvre sur la machine », pour partager la vie des ouvriers. En 1951, huit ans après sa mort, paraît son ouvrage, La Condition ouvrière, recueil de textes issus principalement de son journal, où elle s’adresse ainsi à ses camarades d’usine : « Je vous demande de bien vouloir prendre une plume et du papier, et parler un peu de votre travail. Si un soir, ou bien un dimanche, ça vous fait tout d’un coup mal de devoir toujours renfermer en vous-même ce que vous avez sur le cœur, prenez du papier et une plume. »