Dans le sillage des révélations sur Notre-Dame-de-Bétharram, des centaines de victimes, anciens élèves d’établissements privés sous contrat, ont à leur tour pris la parole pour dénoncer les violences physiques et sexuelles qu’ils et elles ont subies. Une commission d’enquête parlementaire a également affronté la question au cœur de ces révélations: comment prévenir les violences dans le milieu scolaire? Et qui est responsable de l’omerta qui sévit dans l’enseignement privé sous contrat depuis des décennies?
Dans les Pyrénées-Atlantiques, la Loire ou la Marne, elles ont été des lanceuses d’alerte contre les violences physiques et sexuelles à l’école. Alors que la commission d’enquête de l’Assemblée nationale vient de rendre son rapport, ces quatre anciennes enseignantes témoignent dans « À l’air libre ».
Dans son rapport, la commission d’enquête fait resurgir l’« affaire Pélussin », qui a éclaté en 1995 dans un internat catholique de la Loire. Là aussi, François Bayrou a ignoré des lanceuses d’alerte, selon des documents retrouvés par Mediapart. Elles dénoncent aujourd’hui son « inertie ».
Une douzaine d’anciens élèves de l’ensemble scolaire catholique de Saint-Pol-de-Léon dénoncent des violences physiques et sexuelles commises par des membres du corps enseignant de cette institution réputée, dans les années 1950 à 1980.
Le lanceur d’alerte de Notre-Dame-de-Bétharram Alain Esquerre et Hélène Perlant, victime et fille de François Bayrou, dénoncent sur Mediapart une « omerta » et « le problème spécifique de l’Église » sur les violences sexuelles.
Au fil des scandales qui touchent l’enseignement catholique et des auditions menées par la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire, l’écart est de plus en plus flagrant : en France, selon qu’il soit catholique ou musulman, votre établissement privé sera traité différemment.
Un enseignant d’histoire-géographie passé par Stanislas avait été suspendu par le rectorat en février 2024 après une plainte pour agression sexuelle. Un an après, il a été réintégré dans les effectifs du collège parisien Notre-Dame-de-Sion alors que l’enquête est toujours en cours.
Actuelle numéro deux du ministère de l’éducation, Caroline Pascal a affirmé à plusieurs reprises que son institution n’avait pas recueilli de témoignages sur l’homophobie à Stanislas. Le député Paul Vannier lui a opposé plusieurs documents inédits qui démontrent tout l’inverse.
Mediapart a pu consulter le rapport d’inspection que le gouvernement Bayrou refuse de rendre public sur cet établissement catholique sous contrat, toujours soutenu et subventionné. Ses conclusions dénoncent des pratiques totalement hors des clous.
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L’enseignement catholique l’a dit sur tous les tons depuis Bétharram. Il est pour un contrôle accru des établissements privés. Il y a quelques mois pourtant, son patron Philippe Delorme tentait d’infléchir la position du ministère sur le périmètre de ces contrôles.
Plusieurs collectifs ont été entendus lors de la première journée d’audition de la commission d’enquête sur les violences perpétrées dans les établissements scolaires. Ils ont raconté les sévices et pointé des responsables : l’Éducation nationale, l’Église et l’enseignement catholique.
Elle débute jeudi 20 mars par le témoignage des victimes : la commission d’enquête parlementaire menée par les députés Paul Vannier, Violette Spillebout et Fatiha Keloua-Hachi veut empêcher « un nouveau Bétharram » dans les établissements scolaires privés ou publics.
Fanny Marlier publie « Les Enfants sacrifiés des pensionnats sanitaires », un livre d’enquête sur les centres héliomarins ouverts dans les années 1950. Des centaines d’enfants, souvent d’origine populaire, y ont vécu des violences éducatives, dans l’indifférence générale. Mediapart en publie les bonnes feuilles.
Tandis que la mobilisation à Bétharram a poussé la congrégation à reconnaître sa « responsabilité » dans les « souffrances » des victimes, des voix s’élèvent pour mettre en cause d’autres établissements catholiques. Dans le Sud-Ouest d’abord, puis ailleurs en France.