Mediapart a retrouvé la trace d’une douzaine de signalements et de plaintes ignorés ou classés entre 1993 et 2013. Certaines de ces alertes visent des responsables aujourd’hui mis en cause par la justice. Il n’y a toujours aucune inspection administrative diligentée.
Quarante-neuf victimes ont été reçues jeudi par le procureur de Pau, lors de leur entrevue de près de trois heures. Quarante nouvelles plaintes ont été déposées, pour viols, violences physiques ou sexuelles, portant leur nombre à 152.
En 1998, une première enquête pour des viols dans l’institution religieuse a capoté après la libération de l’ancien directeur. Le gendarme chargé des investigations à l’époque, qui a témoigné d’une possible intervention de François Bayrou dans l’affaire, fait part dans un entretien de Mediapart de sa volonté que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Pour se défendre, François Bayrou, imité par la ministre de l’éducation nationale Élisabeth Borne, choisit d’attaquer l’ex-enseignante de l’établissement catholique Françoise Gullung. Il y a trente ans, cette collègue d’Élisabeth Bayrou dénonçait les mêmes faits et était dénigrée de la même manière.
Professeure à Notre-Dame-de-Bétharram dans les années 1990, Françoise Gullung a été longtemps stigmatisée pour avoir osé dénoncer les violences dans l’établissement. Dans un entretien vidéo à Mediapart, elle raconte avoir alerté à plusieurs reprises François Bayrou, mais aussi avoir été témoin de maltraitances avec l’épouse du ministre, qui enseignait le catéchisme et n’a pas voulu intervenir.
Dans sa chronique enregistrée sur scène samedi 15 février à Nantes, l’humoriste Waly Dia revient sur les mensonges de François Bayrou dans l’affaire Notre-Dame-de-Bétharram.
Bien qu’aux premières loges, François Bayrou n’a jamais rien dit, ni jamais agi, pour faire cesser les violences à Bétharram. Mais il faut se replonger dans sa carrière politique pour observer qu’à chaque scandale frappant l’Église, il ne sait pas, minimise et se désintéresse de la souffrance des victimes. Retour en vidéo.
Selon les informations de Mediapart, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a été alertée dès 1993 d’un grave cas de violence physique : un surveillant a perforé le tympan d’un élève. François Bayrou, alors ministre de l’éducation et président du département, n’avait pas réagi.
Agressé sexuellement par le père Carricart, Antoine rappelle le contexte d’« omerta » dans lequel l’enquête pour viols contre le directeur de Notre-Dame-de-Bétharram s’est déroulée à partir de 1998. Il s’étonne encore que le religieux ait pu rapidement recouvrer la liberté pour échapper à la justice.
Le premier ministre a de nouveau affirmé, mardi 18 février, qu’il ne savait rien des accusations de violences sexuelles qui pesaient sur Notre-Dame-de-Bétharram. Il tente désormais de détourner l’attention sur la gauche, au pouvoir en 1997. Dans le camp présidentiel, la fébrilité grandit à mesure que l’affaire prend de l’ampleur.
En 1993, la tentative de révision de la loi Falloux est un moment politique fondateur pour François Bayrou, alors ministre de l’éducation nationale. C’est aussi la preuve de son activisme puissant et ancien en faveur de l’école privée catholique.
Le gendarme chargé de l’enquête contre l’ancien directeur de Notre-Dame-de-Bétharram a révélé l’intervention de François Bayrou dans la procédure judiciaire. Si l’actuel premier ministre dénonce des « fantasmes », le juge de l’époque estime la version de ce militaire « parfaitement crédible » auprès de Mediapart. L’avocat d’une des victimes a saisi la justice sur une possible « entrave ».
Passés par Notre-Dame-de-Bétharram entre les années 1970 et 2005, plusieurs anciens élèves racontent les violences physiques et parfois sexuelles vécues dans cette institution religieuse. Une partie d’entre eux accusent François Bayrou d’avoir eu, au minimum, une forme de « complaisance » à l’égard de l’établissement.
Samedi, François Bayrou a rencontré des victimes de l’institution catholique pour tenter d’éteindre l’incendie. À l’arrivée, cette semaine a tout du naufrage politique pour l’exécutif. Qu’il s’agisse des violences faites aux enfants ou de son offensive sur la délinquance des mineurs, aucune de ses politiques n’est à la hauteur.
En 1996, la condamnation d’un surveillant général met en lumière l’incroyable climat de violences au sein de l’établissement. Une professeure tente de briser l’omerta. Mais le ministre de l’éducation de l’époque, François Bayrou, maintient sa confiance à l’institution religieuse.
Selon nos informations, en dépit d’une condamnation pour des violences physiques en 1996, de la mise en cause du directeur pour des viols sur mineur en 1998, d’autres alertes au fil des années 2000 et d’une centaine de plaintes déposées depuis 2023, cet établissement privé sous contrat n’a jamais été contrôlé par le ministère de l’éducation nationale depuis trente ans.