Le premier ministre répond mercredi aux questions de la commission d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires. Une séance qui s’annonce inflammable. Matignon y travaille depuis des semaines… de même que les parlementaires, décidés à placer François Bayrou face à ses contradictions.
Quand ont surgi les premiers témoignages sur les violences au sein de l’établissement catholique ? Comment les notables se sont organisés pour soutenir les prêtres ? Quelles sont les alertes que François Bayrou a personnellement ignorées ? Tour d’horizon en quatre-vingts dates.
Depuis trois mois, François Bayrou dément avoir été informé des violences physiques et sexuelles à Bétharram. Il était pourtant l’homme politique le plus puissant localement. Avant son audition devant la commission d’enquête parlementaire le 14 mai, Mediapart a recensé au moins quatorze mensonges du premier ministre.
Le premier ministre n’a pas tout su des sévices commis à Bétharram, mais il en a su beaucoup aux postes qui ont été les siens pour essayer d’agir. Or il n’a rien fait. Alors qu’il doit être entendu le 14 mai par une commission d’enquête parlementaire, va-t-il continuer de s’enferrer dans sa calamiteuse stratégie du mensonge ?
Sur Mediapart, Hélène Perlant, la fille du premier ministre, a assuré que son père s’était bien rendu au domicile du juge Christian Mirande pour parler de l’enquête pour viol visant l’ex-directeur de Bétharram. Le premier ministre démentait jusqu’à présent. Son cabinet reconnaît désormais formellement cette rencontre.
Le lanceur d’alerte de Notre-Dame-de-Bétharram Alain Esquerre et Hélène Perlant, victime et fille de François Bayrou, dénoncent sur Mediapart une « omerta » et « le problème spécifique de l’Église » sur les violences sexuelles.
Ancien collègue de l’enquêteur Alain Hontangs et du juge Christian Mirande, le major de gendarmerie Robert Matrassou confirme dans un entretien à Mediapart que les deux hommes lui ont parlé en 1998 du rôle de François Bayrou dans une enquête pour viols à Bétharram.
François Bayrou persiste au micro de Mediapart : ce sont les autres qui ne « disent pas la vérité » sur son intervention dans le dossier judiciaire du père Carricart, accusé de viol à Bétharram. Le gendarme et le juge qui ont tenté dès 1998 d’enquêter ont pourtant dit le contraire la veille, sous serment, devant le Parlement.
La commission a auditionné jeudi le gendarme et le juge qui ont tenté dès 1998 d’enquêter, malgré les entraves, sur des viols commis par un prêtre de l’établissement. Ils ont livré de nombreux détails sur le rôle de François Bayrou, lequel avait pourtant assuré qu’il n’était au courant de rien.
La commission d’enquête parlementaire a auditionné mardi la nouvelle cheffe de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche. Une instance que seuls le ministre de l’éducation ou le premier ministre peuvent saisir. Ce qui n’est toujours pas fait pour Bétharram.
Le premier ministre a encore multiplié les contre-vérités à propos de son degré de connaissance des violences à Notre-Dame-de-Bétharram. Quelques heures plus tôt, la ministre de l’éducation nationale annonçait un plan pour mieux contrôler les établissements privés sous contrat.
Lorsqu’il présidait le département des Pyrénées-Atlantiques, le premier ministre a accordé, au bas mot, 1 million de francs de subventions à l’établissement privé à la fin des années 1990. Notre-Dame-de-Bétharram faisait pourtant déjà face à des affaires de violences, dont l’élu était parfaitement informé.
L’ancien élève qui a eu le tympan perforé alors qu’il avait 14 ans s’exprime pour la première fois. Il souhaite « faire péter la prescription » et dénonce l’attitude de tous les responsables qui ont « couvert » cet établissement et ses méthodes.
François Bayrou savait. Il aurait pu agir. Avec Antton Rouget, David Perrotin et un ancien élève de Notre-Dame-de-Bétharram, retour sur une affaire qui dévoile un océan de violences physiques et sexuelles passées sous silence pendant des décennies.
En parallèle de l’enquête judiciaire, seize victimes de violences sexuelles commises par des religieux de l’établissement catholique ont été indemnisées, pour des faits prescrits. Des discussions sont en cours autour de la reconnaissance des violences physiques, des actes commis par des laïcs et de la publicité du processus.
Tandis que la mobilisation à Bétharram a poussé la congrégation à reconnaître sa « responsabilité » dans les « souffrances » des victimes, des voix s’élèvent pour mettre en cause d’autres établissements catholiques. Dans le Sud-Ouest d’abord, puis ailleurs en France.