Depuis trois ans, l’exécutif s’attaque aux grandes lois fondatrices, sous couvert de sécurité et de défense des principes républicains. Pour les défenseurs des libertés publiques, « une menace pèse sur l’idée de démocratie elle-même ».
La première séance d’examen de ce texte controversé a été marquée par des échanges vifs entre députés alors que, à l’extérieur de l’Assemblée, des centaines de personnes manifestaient. La proposition de loi prévoit, notamment, d’interdire la diffusion d’images de policiers.
Ecrite par la police pour la police, la loi dite de sécurité globale vise à éviter que celle-ci ne perde la bataille de l'image. Empêcher la transparence, donc le contrôle, est le seul moyen qu'elle a trouvé pour tenter de conserver un peu de sa légitimité.
Les agissements de la police ont enfin été mis sous le feu des projecteurs depuis deux ans. Dans un courriel de mars 2019, que Mediapart publie, la police des polices reconnaît elle-même l'importance des enregistrements vidéo pour alerter et élucider les affaires.
Une proposition de loi LREM pourrait renforcer l’impunité des agents en empêchant, lors de la diffusion des vidéos, leur identification. Votée en commission, elle soulève des « risques considérables d’atteinte à plusieurs droits fondamentaux », dont celui d’informer, selon la Défenseure des droits.
Depuis la nomination du nouveau gouvernement, l’exécutif multiplie les clins d’œil à la rhétorique sécuritaire de la fin des années 1990. Celle-ci, importée des États-Unis, semblait pourtant enterrée, en raison de son inefficacité et de ses effets pervers.
L’artiste Paolo Cirio, dont l’exposition de l’œuvre Capture a été annulée, voulait dénoncer la reconnaissance faciale en exposant des visages de policiers trouvés sur internet et en appelant à les identifier, provoquant la colère des syndicats de policiers et de Darmanin. Il a quitté la France.
Cédric Chouviat filmait des policiers. Cela les a insupportés. Il est mort quelques minutes plus tard. À la demande des syndicats, le ministère conduit une étude juridique pour restreindre les modalités de diffusion des vidéos.