300 000 enfants en danger bénéficient, chaque année, d'un suivi par lesservices dédiés des départements. Sur le terrain, la situation est dramatique. Alors que la parole se libère chez les jeunes et parmi les éducateurs, Emmanuel Macron a fait adopter, début 2022, une loi censée améliorer la prise en charge.
Depuis quelques jours, des éducateurs au bout du rouleau refusent de participer aux audiences du tribunal pour enfants, où se décident placements et suivi éducatif. Objectif : alerter sur le manque de places et de moyens financés par le département. Des juges des enfants confirment une « dégradation du système à tous les niveaux ».
Plusieurs drames révèlent les graves manquements de cette institution chargée de protéger 150 mineurs en danger dans les Alpes-Maritimes et gérée par le département. « On n’en parle pas à TF1, mais ce qui se passe ici est aussi grave que dans les Ehpad », confie un éducateur spécialisé.
Agressions, fugues spectaculaires, stupéfiants... Les tensions sont devenues insupportables au centre éducatif fermé de Pionsat (Puy-de-Dôme), qui accueille des adolescents placés par la justice. Sa gestion par le Groupe SOS, mastodonte de l’économie sociale, est mise en cause.
Ancien enfant placé, Lyes Louffok alerte depuis dix ans sur les défaillances de l’aide sociale à l’enfance. Alors que les députés doivent adopter mardi 25 janvier le projet de loi sur la protection de l’enfance, il milite pour que l’État reprenne l’ASE aux départements.
Dans le Loiret, comme dans nombre de départements, le dispositif d’accueil est saturé. Au point que des placements d’enfants en danger, ordonnés par la justice pour les protéger, ne sont pas exécutés avant des mois, d’après une enquête de Mediapart. Une maltraitance institutionnelle.
Examiné à partir du mardi 6 juillet à l'Assemblée nationale, un projet de loi relatif à la protection de l’enfance vise à colmater des brèches dans le système de prise en charge des mineurs en danger, aujourd’hui à bout de souffle. Mais ce texte est très a minima, regrettent nombre d’observateurs.
Donia et sa fratrie ont fait l’objet, au fil des ans, de 21 mesures éducatives à domicile et de 22 placements. Pas de quoi empêcher les violences sexuelles qui ont valu à leur père une condamnation à 17 ans de prison. Récit d’un terrible échec.
À Valence, une fillette et ses parents reprochent à une institutrice des comportements maltraitants. Alors que la famille a déposé plainte, que l’accompagnante (AESH) de cette élève scolarisée dans une classe pour enfants en situation de handicap a aussi alerté le commissariat, l’inertie de l’Éducation nationale interroge. Retour sur une histoire symptomatique des dysfonctionnements de l’école inclusive.
Mobilisé contre les maltraitances subies par des enfants sourds, un collectif indépendant né après des révélations de Mediapart vient d’obliger l’exécutif à se saisir du cas d’un établissement, à La Norville, dirigé par une ex-assistante parlementaire LREM, également lobbyiste. Celle-ci parle d’« une campagne de calomnies ». Enquête.
Denis B., éducateur dans une association chargée de suivre des mineurs en danger, s’est suicidé. Son service était débordé. Quatre mois plus tôt, il avait été bouleversé par la mort d’une adolescente dont il avait la charge. Le dossier lui avait été confié avec trois mois de retard. Le père de l’adolescente demande des comptes.
L’institution indépendante publie mercredi un rapport accablant. Le manque de moyens à l’hôpital ou dans les PMI, à l’école ou pour la justice, porte atteinte au bien-être, voire aux droits élémentaires de millions d’enfants.
À Nantes, les nourrissons protégés de leurs parents dès la naissance et placés à l’hôpital paient cher le manque de places en pouponnière et la raréfaction des familles d’accueil. Ces derniers mois, le syndrome d’hospitalisme, cette carence affective qui conduit à un état dépressif grave, a frappé certains de ces nouveau-nés.
En Meurthe-en-Moselle, de très nombreux jeunes majeurs étrangers sont menacés d’expulsion, après avoir été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Un collectif s'est constitué pour dénoncer leur condition. Quatre d’entre eux ont rencontré le préfet mi-juin.
Après les révélations de Mediapart sur l’Institut Gustave-Baguer, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées s’est saisie du dossier. Lundi, devant des familles, elle a déclaré que « rien ne restera impuni ». « Ce que vous dites est bouleversant », a aussi reconnu le directeur de l’agence régionale de santé.
Violences verbales, physiques et psychologiques, tentatives de suicide et de fugue : à l’Institut public Gustave-Baguer, qui accueille des enfants sourds et handicapés, les incidents se multiplient depuis l’arrivée d’un nouveau directeur. Alertée depuis plus d’un an, l’agence régionale de santé ne réagit toujours pas.
En 2020, le « Groupe enfance en danger » a constaté une augmentation de 60 % des situations de violences faites aux enfants et signalé 110 cas au procureur. Reportage auprès d’une équipe singulière.
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