300 000 enfants en danger bénéficient, chaque année, d'un suivi par lesservices dédiés des départements. Sur le terrain, la situation est dramatique. Alors que la parole se libère chez les jeunes et parmi les éducateurs, Emmanuel Macron a fait adopter, début 2022, une loi censée améliorer la prise en charge.
Bien que la justice ait identifié un danger au sein de leur famille, des centaines d’enfants sont laissés sans protection, à cause d’une pénurie de personnel et de places en foyer. Un phénomène dont les pouvoirs publics ignorent eux-mêmes l’ampleur. Mediapart a mené l’enquête pour la Journée internationale des droits de l’enfant, ce 20 novembre.
Un récent rapport interministériel accable le système de la protection de l’enfance, à la suite du décès de ce nourrisson, au Mans, à la fin 2021. L’enquête de Mediapart révèle que le premier juge des enfants chargé du dossier était sous le coup d’une procédure disciplinaire.
Financements faméliques, éducateurs à la peine… Un an après le lancement du plan gouvernemental contre la prostitution des mineures, la protection de l’enfance est incapable de faire face à une criminalité endémique.
Dès 2017, ils ont tenté d’alerter au sujet des violences commises dans les centres éducatifs où ils travaillaient. Longtemps, ils n’ont pas été entendus. Pire, ils ont été harcelés. Deux ans après la révélation des maltraitances sur des enfants placés en Alsace, ces lanceurs d’alerte racontent comment leur vie a basculé.
Dans le XXe arrondissement de Paris, les professionnels, qui ont de plus en plus de mal à mettre les mineurs à l’abri, dénoncent une situation intenable. Après l’hospitalisation d’une de leurs collègues, blessée dans une altercation avec une adolescente, un appel à la grève est lancé.
Vitrine du gouvernement en matière de lutte contre la délinquance des mineurs, ces établissements alternatifs à la détention sont très bien servis dans le budget de la justice, examiné mardi par les députés. Vingt ans après leur création, leur bilan est pourtant critiqué de toutes parts.
Depuis quelques jours, des éducateurs au bout du rouleau refusent de participer aux audiences du tribunal pour enfants, où se décident placements et suivi éducatif. Objectif : alerter sur le manque de places et de moyens financés par le département. Des juges des enfants confirment une « dégradation du système à tous les niveaux ».
Plusieurs drames révèlent les graves manquements de cette institution chargée de protéger 150 mineurs en danger dans les Alpes-Maritimes et gérée par le département. « On n’en parle pas à TF1, mais ce qui se passe ici est aussi grave que dans les Ehpad », confie un éducateur spécialisé.
Agressions, fugues spectaculaires, stupéfiants... Les tensions sont devenues insupportables au centre éducatif fermé de Pionsat (Puy-de-Dôme), qui accueille des adolescents placés par la justice. Sa gestion par le Groupe SOS, mastodonte de l’économie sociale, est mise en cause.
À Valence, une fillette et ses parents reprochent à une institutrice des comportements maltraitants. Alors que la famille a déposé plainte, que l’accompagnante (AESH) de cette élève scolarisée dans une classe pour enfants en situation de handicap a aussi alerté le commissariat, l’inertie de l’Éducation nationale interroge. Retour sur une histoire symptomatique des dysfonctionnements de l’école inclusive.
Mobilisé contre les maltraitances subies par des enfants sourds, un collectif indépendant né après des révélations de Mediapart vient d’obliger l’exécutif à se saisir du cas d’un établissement, à La Norville, dirigé par une ex-assistante parlementaire LREM, également lobbyiste. Celle-ci parle d’« une campagne de calomnies ». Enquête.
Ancien enfant placé, Lyes Louffok alerte depuis dix ans sur les défaillances de l’aide sociale à l’enfance. Alors que les députés doivent adopter mardi 25 janvier le projet de loi sur la protection de l’enfance, il milite pour que l’État reprenne l’ASE aux départements.
L’institution indépendante publie mercredi un rapport accablant. Le manque de moyens à l’hôpital ou dans les PMI, à l’école ou pour la justice, porte atteinte au bien-être, voire aux droits élémentaires de millions d’enfants.
Denis B., éducateur dans une association chargée de suivre des mineurs en danger, s’est suicidé. Son service était débordé. Quatre mois plus tôt, il avait été bouleversé par la mort d’une adolescente dont il avait la charge. Le dossier lui avait été confié avec trois mois de retard. Le père de l’adolescente demande des comptes.
En 2020, le « Groupe enfance en danger » a constaté une augmentation de 60 % des situations de violences faites aux enfants et signalé 110 cas au procureur. Reportage auprès d’une équipe singulière.
Climat de « terreur », insultes racistes, humiliations et maltraitance… Une responsable de l’association Le Lien, chargée de la gestion de lieux d’accueil réservés aux mineurs étrangers dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine, est accusée de faire subir des pressions psychologiques à ses employés et des violences verbales ou physiques aux jeunes pris en charge. Ils sont une dizaine à dénoncer les faits auprès de Mediapart.