Le projet de loi « protection des enfants » prévoit de rendre obligatoires à tous les départements le recours au fichier anti-fraude concernant les mineurs non accompagnés, ainsi que la transmission de données personnelles aux autorités préfectorales. Les associations y voient un « outil de lutte contre l’immigration irrégulière ».
Dans le Loiret, comme dans nombre de départements, le dispositif d’accueil est saturé. Au point que des placements d’enfants en danger, ordonnés par la justice pour les protéger, ne sont pas exécutés avant des mois, d’après une enquête de Mediapart. Une maltraitance institutionnelle.
Donia et sa fratrie ont fait l’objet, au fil des ans, de 21 mesures éducatives à domicile et de 22 placements. Pas de quoi empêcher les violences sexuelles qui ont valu à leur père une condamnation à 17 ans de prison. Récit d’un terrible échec.
En Meurthe-en-Moselle, de très nombreux jeunes majeurs étrangers sont menacés d’expulsion, après avoir été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Un collectif s'est constitué pour dénoncer leur condition. Quatre d’entre eux ont rencontré le préfet mi-juin.
Examiné à partir du mardi 6 juillet à l'Assemblée nationale, un projet de loi relatif à la protection de l’enfance vise à colmater des brèches dans le système de prise en charge des mineurs en danger, aujourd’hui à bout de souffle. Mais ce texte est très a minima, regrettent nombre d’observateurs.
À Nantes, les nourrissons protégés de leurs parents dès la naissance et placés à l’hôpital paient cher le manque de places en pouponnière et la raréfaction des familles d’accueil. Ces derniers mois, le syndrome d’hospitalisme, cette carence affective qui conduit à un état dépressif grave, a frappé certains de ces nouveau-nés.
En France, nombre de mineurs étrangers pris en charge par les départements sont salariés en apprentissage et bénéficient, quand ils sont malades, d’indemnités. En théorie.
Après les révélations de Mediapart sur l’Institut Gustave-Baguer, la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées s’est saisie du dossier. Lundi, devant des familles, elle a déclaré que « rien ne restera impuni ». « Ce que vous dites est bouleversant », a aussi reconnu le directeur de l’agence régionale de santé.
Violences verbales, physiques et psychologiques, tentatives de suicide et de fugue : à l’Institut public Gustave-Baguer, qui accueille des enfants sourds et handicapés, les incidents se multiplient depuis l’arrivée d’un nouveau directeur. Alertée depuis plus d’un an, l’agence régionale de santé ne réagit toujours pas.
D’ex-jeunes filles placées dénoncent les violences subies, il y a plusieurs décennies, dans les foyers de la congrégation. Réunies dans une association, elles réclament réparation. L’institution, elle, s’organise pour préserver son image et limite l'accès aux dossiers.
« Si vous êtes venus en France pour avoir des actes criminels, vous aurez à répondre de vos comportements criminels. » Le département de l’Isère, qui a pour mission d’héberger les mineurs étrangers, semble avoir choisi la manière forte pour gérer leur confinement.
Après le 11 mai, des violences cachées à l’intérieur des familles pendant des semaines vont émerger, d’une ampleur sans doute inédite. Tous les indicateurs sont au rouge. Et le système de protection des mineurs n’aura pas été à la hauteur.
Mediapart donne la parole à quelques-un·es des 180 000 enfants placés, qui subissent un confinement à part, loin de tout domicile parental. Ces adolescentes racontent ce qu’est leur vie confinée : stress, éducateurs épuisés… « C’est hyper dur. »
En Seine-Saint-Denis, où la protection de l’enfance est sinistrée, un centre est créé pour regrouper des enfants placés atteints du Covid-19. Des éducateurs craignent une « stigmatisation ». Et s’inquiètent, par ailleurs, des effets du confinement pour les jeunes : maltraitance, fragilisation des familles d’accueil, etc.
Le confinement est une calamité pour les mineurs placés ou suivis par la protection de l’enfance, parfois encouragés à retourner en famille le temps de la crise. Dans ce secteur en manque chronique de moyens, « la tension va monter », prévient une psychologue.
Partout en France, des enfants deviennent orphelin·e·s de mère à la suite de féminicides. Ils sont bien souvent laissés à leur sort, sauf en Seine-Saint-Denis. Le sujet est abordé mardi à l’occasion du Grenelle des violences conjugales. Témoignages.