Sept nouveaux cas d’accusés ont été examinés cette semaine par la cour criminelle du Vaucluse qui juge les viols répétés subis par Gisèle Pelicot, sous soumission chimique. À la barre, l’absence de considération pour elle, voire pour les femmes en général, est frappant.
Le procès des viols de Mazan est un choc. Pourquoi ? Que dit-il de l’acceptation des violences sexuelles par notre société ? Comment mieux juger, mieux protéger les victimes ? Dix avocates, dont ces affaires sont le quotidien, discutent et débattent alors que ce procès historique continue de se tenir.
La magistrate qui a mené l’enquête pendant près de trois ans a été entendue par la cour criminelle du Vaucluse qui juge cinquante et un hommes accusés de viols aggravés sur Gisèle Pelicot. Deux heures durant, elle a détaillé les conditions de l’enquête.
Les cas de six hommes étaient examinés cette semaine par la cour criminelle qui juge les viols répétés et sous contrainte chimique de Gisèle Pelicot. Face à des vidéos accablantes, qu’ils reconnaissent ou non les faits, tous ont raconté à la barre ce moment où la réalité des viols les a rattrapés.
Aux deux tiers du procès des 51 hommes, dont son ex-mari, accusés de l’avoir violée à de multiples reprises pendant des années, la victime Gisèle Pelicot a pu s’exprimer mercredi matin : « Je suis ici sans colère ni haine, mais avec la détermination à ce qu’on change la société. »
Qu’elles soient journalistes couvrant le procès à l’intérieur du tribunal ou militantes qui chantent et collent des affiches en dehors, depuis sept semaines à Avignon, elles se retrouvent autour d’un sentiment de colère et de la volonté de parler au grand jour des violences systémiques.
Sept accusés sont entendus cette semaine par la cour criminelle du Vaucluse, dont Dominique D., qui est allé six fois à Mazan et que Dominique Pelicot décrit comme son plus grand complice. Poussé dans ses retranchements, face à ses versions divergentes, l’homme s’est pitoyablement défendu.
La cour s’est penchée sur les cas de 5 hommes cette semaine, sur les 51 du dossier. Un seul reconnaît les faits, les autres se disent manipulés, à des degrés variés, par Dominique Pelicot. Malgré leurs échanges. Malgré les vidéos.
Le procès achève sa cinquième semaine. 51 hommes sont jugés pour viol aggravé sur Gisèle Pelicot, alors qu’elle était droguée par son ex-mari. Au palais de justice d’Avignon, les audiences sont retransmises dans une salle ouverte au public où des femmes, en majorité, viennent « voir la cruauté en face ».
Les propos et les comportements de certains avocats du procès dit des viols de Mazan ont suscité de vives réactions et relancé la réflexion sur les lignes de défense des accusés. Beaucoup espèrent que la publicité des débats fasse date, pour la profession comme pour le reste de la société.
Des milliers de personnes ont manifesté samedi 14 septembre leur soutien à Gisèle Pelicot, à Rennes, Marseille ou encore Clermont-Ferrand. À Paris, place de la République, Mediapart est allé à la rencontre de ces personnes que le procès des viols de Mazan a fait descendre dans la rue pour la première fois, face aux violences faites aux femmes.
L’affaire des viols de Mazan et celle visant l’abbé Pierre suscitent un émoi considérable. Parce que la première est hors norme et que la seconde vise une icône française. Sept ans après #MeToo, nous devrions pourtant le savoir : les violences sexuelles sont le fait d’hommes ordinaires.
Du « M. Tout-le-Monde » au « bon père de famille », les caractéristiques ne manquent pas pour qualifier la cinquantaine d’hommes accusés de viols sur Gisèle Pelicot, et jugés au tribunal d’Avignon. La société française peine encore à penser la condition masculine, estime l’autrice féministe.
Le procès des viols de Mazan permettrait-il, sept ans après #MeToo, une prise de conscience à grande échelle ? L’espoir anime plusieurs collectifs et militantes féministes françaises, qui appellent à manifester dans toute la France samedi.