Pour une fois, le décor bling-bling de l'hôtel Maritim, où se déroule à Bonn jusqu'au 11 juin la nouvelle session de négociation du climat, est au diapason des discussions. A six mois de la conférence de Cancún, la seule question qui compte est financière: où est l'argent? «La priorité, cette année, c'est de rétablir la confiance: il est donc important que les 30 milliards de dollars commencent vraiment à être versés», affirme lundi matin Yvo de Boer, le secrétaire général sortant de la convention de l'ONU sur le climat. Dans l'accord de Copenhague péniblement issu du sommet du climat de décembre 2009, les pays industrialisés se sont engagés à verser 30 milliards de dollars par an d'«aide précoce» aux pays en développement jusqu'en 2012. Cet argent doit être «nouveau et additionnel», c'est-à-dire s'ajouter aux fonds déjà mis sur la table.
C'est le Japon qui a le plus promis avec 19 milliards de dollars sur trois ans (dont 15 de fonds publics), suivi de l'Union européenne avec 7,2 milliards, puis des Etats-Unis (3,2 milliards pour 2010 et 2011), de la Norvège (1 milliard) et enfin de l'Australie (340 millions). Sur le papier, le compte y est: les promesses atteignent au total environ 28 milliards de dollars, estime le think tank Project Catalyst. Sur les finances, l'avancée des discussions internationales «est relativement positive», analyse Tim Gore, conseiller climat d'Oxfam International.
Mais en réalité, rien n'est clair: ni la nature de cet argent, ni le calendrier de son versement, ni son canal de diffusion. Une partie sera composée de prêts, une autre recycle des annonces déjà faites (c'est le cas de l'Allemagne). Contrairement à ce que demande l'accord de Copenhague, rien n'assure que le montant sera équitablement réparti entre l'aide à l'atténuation des gaz à effet de serre (destinée aux plus riches des pays en développement) et l'aide destinée à l'adaptation aux effets du changement climatique (indispensable aux pays les moins avancés). Ces petits arrangements exaspèrent les pays pauvres. Tuvalu, l'un des petits Etats insulaires du Pacifique, a dénoncé l'usage «dans un but politique coercitif» du Fonds Vert pour le climat de l'accord de Copenhague. «Une bonne part de ces financements recycle en fait de l'aide déjà engagée dans la santé et l'éducation des pays en développement», s'inquiètent Les Amis de la Terre-international. «Malheureusement dans la vie, il y a une distinction entre faire une promesse et la respecter», a ironisé Yvo de Boer.
Climat : l’aide opaque de la France aux pays pauvres
L'essentiel de l'aide de la France au climat en 2010 sera fait de prêts aux pays pauvres et non de subventions. Mais chut..., il ne faut pas le dire. Paris refuse d'en dévoiler les montants pour ne pas s'attirer la colère des pays du Sud.
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