Algérie: quel rôle pour l'armée lors de la présidentielle?
La guerre qui fait rage dans le sérail, étalant sur la place publique les divergences des segments du système, accroît le péril qui pèse sur le pays à la veille d’une élection décisive.
L’acharnementL’acharnement du clan présidentiel à reconduire Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’État a sans doute précipité le bras de fer au sein de l’armée. La «grande muette», dont le rôle a été de tout temps décisif dans le choix du chef de l’État, apparaît aujourd’hui peu assurée sur la marche à suivre. À quelques semaines seulement du rendez-vous électoral, le consensus peine à s’établir entre les différents compartiments du régime.
La première semaine du mois en cours a révélé l’ampleur du clivage au sommet, avec une ligne de fracture qui semble indiquer un désaccord entre le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, et le patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général de corps d’armée Mohamed Mediène, dit Toufik. Le secrétaire général de l’ex-parti unique, Amar Saadani, s’en est pris vertement au patron des services secrets : « Toufik n’est pas en position de dire oui ou non à la candidature du président Bouteflika à la prochaine présidentielle.» Dans l’absolu, la phrase peut passer pour celle d’un politique cherchant à limiter l’influence des «services» dans l’échéance électorale ; dans les faits, elle apparaît comme une séquence dans la confrontation. Une sortie qui a surpris par sa virulence, certes, mais qui vient surtout confirmer des bruits ayant déjà couru sur le sujet.