Nous voilà revenus à cette éternelle anomalie italienne. À Bruxelles, on nous observe avec curiosité, surtout avec le vent populiste et eurosceptique qui souffle en Europe et sur le prochain Parlement européen. De quel bois se chauffe-t-il, ce Renzi ? Que se passera-t-il au Conseil européen, le saint des saints de l’Union, lorsque les portes se fermeront sur les chefs d’État et de gouvernement ? Après l'ère Berlusconi, imprévisible et rarement impliqué dans les grandes réunions du Conseil, est venue l'ère Monti, le professeur capable de donner des leçons à une Angela Merkel attentive. Puis les membres de Conseil européen s’étaient habitués au jeune Enrico Letta, qui avait construit sa culture politique sur l’autel de l’Europe et qui se présentait toujours au bâtiment Justus Lipsius en ayant bien fait tous ses devoirs – d’autant plus que Letta travaillait d’arrache-pied pour préparer la présidence italienne (à partir de juin 2014) comme s’il s’agissait d’une épreuve décisive qui permettrait d’asseoir définitivement sa capacité à diriger. Et maintenant ?
À Bruxelles, on pensait que l’Italie avait enfin trouvé une certaine stabilité, malgré son anomalie incarnée par un chef de gouvernement non élu mais considéré comme le seul point d’équilibre politique au sein d’un Parlement bloqué. On pensait qu’il serait enfin possible de procéder à quelques réformes, à commencer par celle du système électoral qui permettrait de restaurer une normalité démocratique. Au lieu de cela, nous avons droit à une nouvelle exception, due à un politicien expérimenté, dans un climat politique qui semblait s’être résigné au mutisme. Il y a quelques jours, Renzi s’était empressé de dresser la liste des interlocuteurs avec lesquels le gouvernement ne parvenait plus à communiquer : les groupes parlementaires, les maires, les patrons d’entreprise, le peuple, etc.
La politique est impitoyable. Une nouvelle exception italienne commence. Il était illusoire de croire qu’un homme comme Renzi allait attendre son tour, en restant patiemment dans l’ombre.
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Le coup d'Etat démocratique de Matteo Renzi
Le secrétaire du Parti démocrate (PD) a poussé Enrico Letta vers la sortie, le remerciant à demi-mot pour son « travail considérable ». Si sa manœuvre a fonctionné, elle a également précipité la politique italienne dans un tourbillon qui était encore inconcevable il y a peu.
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