Les Indiens ont massivement choisi de porter au pouvoir une personnalité controversée : un farouche nationaliste hindou, adepte du néolibéralisme, et réputé pour son autoritarisme. Portrait de celui qui dirige la plus grande démocratie au monde.
IlIl y a deux mois, à l’occasion d’une série de reportages en Inde pour Mediapart, on pouvait classer nos interlocuteurs en deux catégories quand on leur demandait comment gouvernerait Narendra Modi s’il accédait au pouvoir. Il y avait ceux qui, tel Gagan Seth, le directeur du Center for Social Justice d’Ahmedabad dans le Gujarat, l’État gouverné jusqu’ici par Modi, estimaient que « Modi est un caméléon. Il suffit de regarder l’évolution de ses costumes : il est passé de la robe safran des nationalistes hindous au costume trois pièces des businessmen. Il ne croit pas ce qu’il dit. Tout ce qu’il veut, c’est le pouvoir». Et puis il y avait ceux qui, comme le politologue Ganshyam Shah, spécialiste du Gujarat, soutenaient que « Modi a une vision très claire de ses intentions. Le nationalisme hindou est au cœur de ses convictions politiques. Il désire le pouvoir car il se considère comme un homme doté d’une mission : il entend imposer sa vision et reléguer les non-Hindous au rang de citoyens de seconde zone».