État de Coahuila (Mexique), de notre envoyée spéciale.- La scène est absurde. Absurde comme les 30 942 disparitions que reconnaît officiellement le gouvernement mexicain depuis 2007, alors que le nombre de disparus pourrait être, en réalité, deux à trois fois plus élevé. Dans une immense pièce aux allures de salle d’examen, une centaine de personnes sont assises sur des chaises individuelles, le portrait de leur proche disparu posé devant elles sur la tablette. Ces 46 familles de disparus, venues de tout le pays, sont réunies dans l’auditorium de la police municipale de Monclova, une petite ville de l’État de Coahuila, dans le nord du Mexique. Dans l’obscurité, elles scrutent les photos d’identité de jeunes filles qui défilent sur le mur. Ces visages, tristes ou souriants, sont ceux des 400 prostituées suivies et répertoriées par les services sanitaires de la municipalité.
Mexique: sur les traces des Zetas, à la recherche des disparus, morts ou vivants
Dans un pays qui compte officiellement 30 000 disparus, face à l’indolence et à l’inefficacité des autorités, les proches de disparus s’organisent eux-mêmes et parcourent en caravane le nord du Mexique pour enquêter sur les liens entre ces disparitions et le trafic d’êtres humains.
22 juillet 2017 à 16h56