« Il vaut mieux ne pas lui poser de questions sur la guerre ou les négociations de paix, ce n’est pas sa spécialité. » Le message est clair. Ce 20 octobre, dans une antichambre du bureau de Volodymyr Groïsman, le premier ministre ukrainien, ses conseillers et assistants s’attachent à calibrer l’interview à venir. La veille, à Berlin, le président Petro Porochenko venait de rencontrer Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande, pour tenter de relancer le laborieux processus de Minsk visant à mettre fin au conflit hybride qui déchire l’est de l’Ukraine. Une question sur le sujet pourrait donc être justifiée, au vu du calendrier. « Ce n’est pas son rôle, en tant que premier ministre », précise un assistant. « Lui, ce sont les réformes et les perspectives économiques. »
Ce 20 octobre, ce n’est que tard dans la soirée qu’il apparaît, les yeux fatigués. Le premier ministre s’est débattu durant plusieurs jours dans d’âpres négociations sur le budget 2017. Il a fini par taper du poing sur la table, en dénonçant les blocages de divers “groupes populistes” à la Verkhovna Rada (Parlement). En conséquence, le projet de budget a été adopté en première lecture. Une preuve de son autorité, mais aussi de sa détermination à travailler d’arrache-pied pour « libérer le formidable potentiel économique de l’Ukraine ». À qui veut l’entendre, il répète que d’ici 4 à 5 ans, l’Ukraine pourra être considérée comme un pays à succès.
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Le premier ministre ukrainien réforme mais «ça ne va pas assez vite»
Le premier ministre ukrainien Volodymyr Groïsman est en France jusqu’à demain. Il y rencontre plusieurs dirigeants français, dont Manuel Valls, et prend part au premier forum franco-ukrainien des affaires. En amont de sa visite, nous l’avons rencontré à Kiev. L’occasion de faire le point des réformes engagées, et de la lutte contre une corruption toujours endémique.
27 octobre 2016 à 19h03