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Ulrich Speck marche dans le brouillard. Comme la grande majorité des analystes politiques allemands, le fondateur du site globeurope.com s'interroge sur les prochaines orientations du nouveau gouvernement fédéral en termes de politique internationale. Certaines grandes tendances commencent toutefois à apparaître. Berlin risque de vouloir continuer à ménager la chèvre et le chou sans pour autant se rapprocher des institutions européennes. Bien au contraire. Le renforcement des relations franco-allemandes risque, lui aussi, d'être repoussé à des jours meilleurs.
Vous venez de lancer un blog sur le nouveau ministre des affaires étrangères à Berlin (westerwellewatch.blogspot.com). Que pensez-vous de la nomination du chef du parti libéral (FDP), Guido Westerwelle, à la tête de la diplomatie?
Il est difficile de se faire une idée claire sur cette nomination car Guido Westerwelle n'a aucune expérience en termes de politique étrangère. Il a basé toute sa carrière sur un programme économique libéral destiné aux entreprises allemandes. Dans le programme de gouvernement publié le week end dernier, on ne trouve aucun détail qui montrerait sa griffe personnelle. Il suit pour l'instant la ligne traditionnelle de la politique étrangère allemande. Il a d'ailleurs choisi comme parrain Hans-Dietrich Genscher (l'ancien chef allemand de la diplomatie de 1974 à 1992).
Pourquoi alors a-t-il accepté de prendre un ministère dont il ne maîtrise pas les dossiers?
Par tradition tout d'abord. Les libéraux ont pris l'habitude dans le passé d'occuper la vice-chancellerie et le ministère des affaires étrangères lors des coalitions gouvernementales. Le chef de la diplomatie est aussi normalement en Allemagne le membre le plus populaire du gouvernement, ce qui n'a pas échappé à Guido Westerwelle. S'il avait pris le portefeuille des finances, comme son passé l'aurait plus logiquement voulu, il aurait été obligé de dire constamment «non», ce qui n'est jamais très bon pour la popularité d'un politicien.