Le pouvoir tunisien se fait de plus en plus autoritaire
Prise entre l’étau du terrorisme et des réformes négligées par les précédents gouvernements, la Tunisie aborde un tournant bien périlleux de sa période post-révolutionnaire. Plusieurs sources évoquent plus de 100 000 arrestations depuis le début de l’année, et la torture demeure une pratique courante, de plus en plus banalisée par les responsables politiques.
EnEn Tunisie, un homme est mort dans un poste de police, et personne ou presque n’en a entendu parler. Cela s’est passé la nuit du 12 au 13 mai : officiellement, Abdelmajid Ejday s’est pendu dans sa cellule, au quartier général de la Garde nationale à Sidi Bouzid, vers 3 heures du matin. Plus qu’un événement certes tragique, mais relevant du fait divers, la mort d’Abdelmajid Ejday dit beaucoup de l’état et des pratiques de la justice et de la police tunisienne en 2015, quatre ans après la révolution. Avant de se faire arrêter « pour vol », selon le ministère de l’intérieur tunisien, Abdelmajid Ejday avait porté plainte pour torture le 14 avril au bureau du procureur du Tribunal de grande instance de Sidi Bouzid. Il affirmait alors que la police de Bir Lahfay, une ville située à 30 kilomètres de Sidi Bouzid, l'avait torturé après l'avoir arrêté une première fois le 19 février. Abdelmajid Ejday accusait le chef de la police de Bir Lahfay et d'autres agents de l'avoir frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance pendant qu'ils l'interrogeaient, déjà, au sujet des allégations de vol.