Au-delà des Femen, la Tunisie tarde à sanctuariser la liberté d’expression
La Tunisie a conservé la plupart des pratiques judiciaires en vigueur sous Ben Ali. Poursuivis par les autorités, de nombreux blogueurs, journalistes et militants en font les frais. Et dans l’application des décisions de justice, l’arbitraire demeure souvent de mise.
ÀÀ Tunis, c’est l’affaire de la semaine. Les trois militantes européennes de Femen, groupe contestataire féministe d'origine ukrainienne qui manifeste seins nus, seront jugées le 5 juin en Tunisie et risquent la prison ferme pour une manifestation en soutien à une activiste tunisienne en détention. Elles comparaîtront pour « outrage public à la pudeur » (article 226 du code pénal, passible de six mois de prison ferme) et « atteinte aux bonnes mœurs ou à la morale publique » (article 226 bis, également six mois de prison ferme). Arrêtées mercredi 29 mai lors de leur action, les trois jeunes femmes risquent 15 jours de détention supplémentaires pour « des infractions relatives à l’autorité publique ». Le groupe avait organisé cette manifestation en soutien à Amina Sbouï, militante tunisienne en détention après avoir peint le mot « Femen » le 19 mai sur un muret près du cimetière mitoyen de la grande mosquée de Kairouan.