Les documents de « Congo hold-up », plus grande fuite de données d’Afrique, montrent l’enrichissement de Joseph Kabila aux dépens de ses concitoyens, avec la complicité de la banque BGFI RDC, à travers une société-écran installée dans un garage. Ils écrivent aussi une histoire de ce pays, où flux financiers expliquent intrigues politiques et réalités sociales. La BGFI, quant à elle, incarnait déjà la corruption de la « Françafrique ». Retrouvez ici tous nos articles.
Deux arrêts de la Cour de cassation, obtenus par l’ONG PPLAAF, vont permettre à tous les étrangers vivant en France, dont les lanceurs d’alerte, de poursuivre au civil des entreprises étrangères devant les tribunaux français.
À la suite de nos révélations « Congo hold-up », la justice belge a ouvert une enquête pour « corruption » visant l’homme d’affaires Philippe de Moerloose, qui a vendu pour 742 millions de dollars d’équipements à la République démocratique du Congo à des tarifs exorbitants.
Le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire pour « blanchiment aggravé » à la suite de la publication, par Mediapart et ses partenaires, de l’opération « Congo hold-up ». Un immense scandale de détournements de fonds publics en République démocratique du Congo, avec des ramifications en France.
Les 150 articles et rapports publiés par Mediapart et ses partenaires sur les détournements de fonds en République démocratique du Congo ont eu un impact important. Mais ils ont aussi plongé la classe politique congolaise dans l’embarras, démontrant la position ambiguë du nouveau président Félix Tshisekedi.
La société minière publique de la République démocratique du Congo, la Gécamines, a versé 530 millions de dollars d’« avances fiscales », dont l’Inspection générale des finances n’a pas retrouvé la moindre trace sur les comptes de l’État. Nous avons pu documenter que des millions ont bien été détournés, dont une partie en liquide.
L’homme d’affaires Philippe de Moerloose, nommé au prix de « manager de l’année » en Belgique, ne s’est pas seulement enrichi en vendant du matériel surfacturé aux autorités congolaises. Il a également su profiter de la fiscalité avantageuse de certaines juridictions.
Riche homme d’affaires et gouverneur de la province minière du Katanga de 2007 à 2015, Moïse Katumbi a poursuivi son business minier, alimenté en partie par des contrats publics, en le logeant dans de discrètes sociétés « offshore ».
Inconnu du grand public en RDC comme en Belgique, le Belge Philippe de Moerloose, fournisseur préféré de camions et de tracteurs du président Kabila, a pourtant bénéficié d’au moins 742,9 millions de dollars de contrats avec l’État congolais, en imposant des profits usuraires.
La « Cité du fleuve » devait être un « centre urbain de classe internationale » dans la capitale congolaise. Dix ans plus tard, ce sont quelques bâtisses vulnérables aux inondations. Entre-temps, son promoteur français a multiplié les virements suspects et caché à ses clients les sanctions dont il faisait l’objet.
Les documents de « Congo hold-up » ne mettent pas seulement en cause l’ancien président congolais Joseph Kabila. Ils démontrent également qu’au moins deux collaborateurs de l’actuel président, Félix Tshisekedi, ont continué de faire des affaires après leur prise de fonction à la présidence. Au risque du conflit d’intérêts.
Luxueux « cadeaux », contrats passés sans appels d’offres, montants extravagants… Le détail des comptes de l’organisation du Sommet de la Francophonie tenu en 2012 à Kinshasa est accablant pour l’État congolais. Au total, 90 millions de dollars ont été dépensés pour deux jours de sommet, dans un pays où 73 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Une partie de cette frénésie dépensière a été financée par des fonds de l’aide publique au développement française.
La filiale française de la BGFI a fait transiter, en tant que banque correspondante, des dizaines de millions de dollars de transactions suspectes liées aux affaires de corruption et de détournements de fonds publics révélées par les enquêtes « Congo Hold-up ».
Une société-écran, alimentée par deux sociétés d’État chinoises détentrices du plus gros contrat minier de l’histoire de la RDC, a versé au moins 30 millions de dollars à la famille et au premier cercle de l’ancien président Joseph Kabila. Sa famille a aussi obtenu en secret des parts dans l’autoroute et le barrage liés à la mine.
L’entreprise congolaise Egal, qui a détourné 43 millions de dollars de fonds publics en 2013, en a reversé 3,3 millions sur un compte de la présidence de la République de RDC afin de compenser un retrait d’espèces effectué par le directeur financier du président Joseph Kabila.
Les 3,5 millions de documents bancaires de « Congo hold-up » permettent d’identifier un réseau d’entreprises, opérant dans la communauté indienne de RDC, qui pourraient avoir blanchi des centaines de millions de dollars. Plusieurs entreprises françaises figurent parmi les bénéficiaires.
Bien qu’interdits d’accès au système bancaire international, des hommes d’affaires libanais ont pu continuer leur business grâce à la banque congolaise BGFI RDC. Notre enquête montre qu’ils ont versé 3 millions de dollars à une société-écran propriété de la famille Kabila, l’ancien président congolais.