Plus de deux ans après le décret promulguant la procréation médicalement assistée pour toutes, les délais d’attente restent longs pour les futurs parents. En cause, le faible nombre de donneurs et donneuses de gamètes. Faire un don en 2024 est un choix encore engageant : lourdeur du parcours pour les donneuses d’ovocytes et levée d’anonymat depuis la loi bioéthique, les freins au don sont nombreux.
Sylvain, 44 ans, écrivain et enseignant, a décidé de donner ses gamètes en 2022. Tout part d’une idée de roman, où la réalité va dépasser la fiction. «Je voulais qu’un de mes personnages vive cette aventure, puis j’ai vu que je répondais aux critères, et je me suis pris au jeu.» Une aventure devenue un projet pour lui, et pour tous ceux et celles qui ne réussissent pas à avoir d’enfant. En quelques mois, il enchaîne les rendez-vous médicaux dans un Cecos (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme), et son don est validé début 2023. «Beaucoup de gens sont très favorables au don, mais ne passent pas à l’acte ou n’en parlent pas, comme si c’était encore tabou.»
Père d’un petit garçon de 7 ans, Sylvain a effectué son don après la mise en application de la nouvelle loi bioéthique, qui lève l’anonymat des donneurs et donneuses de gamètes. «Je suis un donneur, c’est tout. Ces gamètes-là, c’est un peu des Lego qu’on fabrique, c’est toute la suite qui compte.» Avec son don, il a pu laisser une lettre pour un futur enfant à naître, qui serait en recherche de réponse sur ses origines biologiques. «J’y ai beaucoup parlé de solidarité car je pense qu’être né d’un don, c’est beau, c’est être le fruit d’une société solidaire qui a tout fait pour qu’on puisse naître.»