La Nouvelle-Calédonie attend impatiemment un nouveau gouvernement. Trois mois après le soulèvement indépendantiste, les élus calédoniens s’accordent sur le fait que sans intervention rapide de l’État, le territoire s’enfoncera dans une crise d’une profondeur insondable.
Le transfert de sept militants dans des prisons métropolitaines alimente depuis samedi une nouvelle vague de violences dans l’archipel. La Cellule de coordination des actions de terrain fait du retour de ses « prisonniers politiques » une nouvelle condition à l’apaisement.
Le conflit généré par la révision du corps électoral – suspendue après la dissolution de l’Assemblée – ravive de tous côtés les « vieux démons » du racisme, qui ne sauraient occulter d’autres réalités : celle des discriminations ordinaires envers les Kanak, et surtout, celles du métissage et du vivre ensemble, qui tournent lentement la page de l’époque coloniale.
Deux hommes ont été incarcérés mercredi pour des actes qui n’ont entraîné aucune blessure ni dégât matériel chiffré. Pour justifier la sévérité des peines, le tribunal correctionnel de Nouméa a invoqué les « circonstances » insurrectionnelles.
Ni le séjour éclair du chef de l’État ni ses déclarations ambiguës sur le dégel du corps électoral n’ont arrangé le quotidien du quartier populaire de Rivière-Salée, meurtri par deux semaines de crise. Habitants indépendantistes et loyalistes s’accordent pour dire que le président français « a mis de l’huile sur le feu ».
Les habitants d’origine européenne ont formé des groupes peu expérimentés militairement, parfois fortement armés. Le haut-commissaire de la République les tient pour responsables de la mort de trois Kanak, mais soutient leur existence.
Nouméa a connu une deuxième nuit consécutive de violences. Affrontements entre jeunes Kanak et forces de l’ordre, incendies, pillages… En fin de journée, tandis que la tension redescendait dans plusieurs quartiers, le haut-commissariat de la République a annoncé la mort de deux personnes.