Des philosophes vêtus de haillons, des sans-culottes qui prennent le pouvoir et des visages anonymes qui trouvent leur place dans un musée… Les expositions qu’on évoque aujourd’hui, pour différentes qu’elles soient en termes d’époques historiques et de propositions scénographiques, ont comme point commun de regarder les spectateurs et les spectatrices dans les yeux pour les faire changer de perspective sur ce qu’ils et elles sont en train de contempler.
On parle ainsi successivement de la rétrospective « Ribera. Ténèbres et lumières » au Petit Palais, de « Paris. 1793-1794 », exposition sur l’An II de la République proposée par le musée Carnavalet et enfin de « Chaque vie est une histoire », la proposition à la fois mémorielle et contemporaine de la Cité de l’immigration qui trouve, enfin, une façon d’investir en entier le gigantesque Palais de la Porte Dorée.
« Ribera. Ténèbres et lumières »
« Ribera. Ténèbres et lumières » est le titre de la grande rétrospective que le Petit Palais consacre à Jusepe de Ribera, peintre né en Espagne en 1591, mais qui fit toute sa carrière et toute sa vie en Italie, jusqu’à son décès à Naples en 1652.
Avec plus d’une centaine de peintures, mais aussi des dessins singuliers venus de partout dans le monde, l’exposition explore les premières années romaines du peintre, redécouvertes récemment, et l’ambitieuse période napolitaine, à l’origine de l’ascension fulgurante de Ribera, sans cesse comparé au Caravage mais dont le côté encore plus ténébreux fit qu’il devint l’idole d’un certain romantisme au XIXe siècle.
Le commissariat de cette exposition est assuré par Annick Lemoine, directrice du Petit Palais, et Maïté Metz, conservatrice des peintures et arts graphiques anciens.
« Ribera. Ténèbres et lumières » a ouvert au mois de novembre 2024 et est encore visible jusqu’à la fin du mois de février.
« Paris. 1793-1794 »
« Paris. 1793-1794 », sous-titré « Une année révolutionnaire », est le nom de l’exposition qui a ouvert au musée Carnavalet en octobre et demeure visible jusqu’à la mi-février prochaine.
Cette année qui s’étend du printemps 1793 jusqu’à l’été 1794 s’intitule « l’An II » selon le calendrier révolutionnaire, mais pour la mémoire collective, elle demeure siglée année de « la Terreur », terme forgé a posteriori pour désigner ce point de bascule de la révolution débutée en 1789 par la prise de la Bastille.
L’exposition réunit plus de 250 œuvres : des peintures célèbres ou non, des sculptures, des affiches de l’époque, une porte de la prison Saint-Lazare, un bout de guillotine, des entretiens vidéo avec des historiens et des historiennes ou encore l’histoire de la révolte de Joséphine, ouvrière d’une filature…
Le commissariat de cette exposition qui déborde de public est assuré par la directrice du musée Carnavalet, Valérie Guillaume, avec Philippe Charnottet et Anne Zazzo.
« Chaque vie est une histoire »
« Chaque vie est une histoire » est le titre de l’exposition qui a ouvert à la Cité de l’immigration et qui est encore visible jusqu’au mois de février.
L’exposition est particulière, en ce sens qu’elle est à la fois une exposition dans et sur le Palais de la Porte Dorée, haut lieu de la France coloniale qui accueille désormais la Cité de l’immigration, puisque sous l’impulsion de Jean de Loisy et de Raphaël Giannesini, des artistes ont été invité·es à investir tous les espaces historiques du Palais pour créer des installations in situ afin de revisiter la mémoire et l’histoire particulièrement chargées de ce lieu.
Le parcours s’étend donc des espaces d’exposition à l’étage, où le thème de l’invisibilité est choisi pour croiser des récits et de l’art contemporain, jusqu’aux immenses espaces du rez-de-chaussée et même, pour les plus motivés, jusqu’à l’aquarium.
Cette exposition est aussi une sorte de manifeste, presque deux décennies après la décision de fonder un musée de l’Immigration, qui a connu de nombreuses vicissitudes. « Ici, dans cet endroit, il y a vingt ans, rien n’existait, excepté la volonté farouche de contribuer à la reconnaissance de ceux qui ont fait la France », est-il ainsi indiqué aux visiteurs et visiteuses qui s’y rendent.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Émilie Gandon, Élisabeth Jolys-Shimelis et Isabelle Renard, avec des textes signés de la romancière Natacha Appanah.
Avec :
- Magali Lesauvage, rédactrice en cheffe de L’Hebdo, numéro hebdomadaire spécial enquêtes du Quotidien de l’art ;
- Margot Nguyen, travailleuse de l’art indépendante ;
- Guslagie Malanda, actrice et commissaire d'exposition indépendante.
« L’esprit critique » est un podcast enregistré par les équipes de Gong et réalisé par Karen Beun et Samuel Hirsch