On aurait dû s'en douter. Le palmarès du festival de Locarno, trait d'union helvête entre Cannes (mai) et Venise (septembre), était écrit d'avance. Le Léopard d'or, sa distinction suprême, a été remis, samedi soir, à La fille de nulle part, du vétéran Jean-Claude Brisseau. Le film est emballant, et devrait sortir très vite dans les salles françaises.
Ce huis clos fauché, qui s'enfonce en terres fantastiques (photo ci-dessus), avait sans doute tout pour plaire à Apichatpong Weerashetakul, réalisateur palmé d'Oncle Boonmee (lire ici), familier des réincarnations et des esprits de la forêt, et président du jury cette année : Brisseau, dans le rôle d'un prof de maths à la retraite, héberge dans son appartement parisien une jeune femme de 26 ans dont il devient persuadé qu'elle est une réincarnation de sa femme défunte il y a plus de vingt ans.
Également dans le jury, Noémie Lvovsky a, elle aussi, dû ressentir une certaine familiarité avec La fille de nulle part. Son Camille redouble, présenté à Cannes cette année, projeté en plein air, dans la foulée, sur la Piazza Grande de Locarno devant des milliers de spectateurs (et en salles le 12 septembre), est une comédie particulièrement sombre sur le temps qui passe, à partir d'un transfert casse-gueule : Lvovsky, dans le rôle titre, se trouve propulsée dans les années 80, pour revivre sa jeunesse, et inverser, si elle y parvient, certains des choix qui se sont avérés, par la suite, lourds de conséquences.
Locarno: Et si c'était à refaire ?
Et si l'on pouvait tout recommencer ? Au festival de Locarno, qui s'est terminé dimanche, plusieurs films enthousiasmants se sont posés cette question un peu déprimante. Du vétéran Jean-Claude Brisseau à la jeune-garde chinoise. Inventaire.
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