Alors que la rédaction du « Journal du dimanche » est en grève pour s’opposer à la nomination de Geoffroy Lejeune, le gouvernement regarde, sans rien faire, les dérives des médias de Vincent Bolloré, la concentration horizontale et verticale sans précédent menée par Vivendi. Préférant s’attaquer à l’audiovisuel public.
Vincent Bolloré, qui veut racheter Hachette à Lagardère, va céder Editis à Daniel Kretinsky, par ailleurs principal actionnaire de la Fnac, premier libraire de France. Preuve que l’économie du livre est toujours plus concentrée entre les mains de quelques-uns.
Editis vient de promouvoir Lise Boëll à la tête des éditions Plon, malgré une enquête mettant en lumière de graves dysfonctionnements au sein de l’entreprise, pour beaucoup liés à son management. Des salariés s’interrogent sur les « intentions “cachées” de nature “politique” de la direction » du groupe, propriété de Vincent Bolloré.
La chaîne C8 a été condamnée à une amende record de 3,5 millions d’euros, après les insultes adressées par Cyril Hanouna au député Louis Boyard en novembre 2022. L’autorité régulatrice de l’audiovisuel a mis en demeure C8 pour avoir failli à son obligation de maîtrise de l’antenne.
La rédaction de « Paris Match » a voté, dimanche 21 août, une motion de défiance contre sa direction au lendemain du départ forcé de Bruno Jeudy. Une nouvelle marque du management particulier au sein des titres tombés dans l’escarcelle de Vincent Bolloré.
Après quelque 150 projections-débats dans des cinémas partout en France, « Media Crash » est désormais disponible sur Mediapart, avec des bonus. Le film, primé au Figra 2023, a suscité l’inquiétude des dizaines de milliers de spectateurs qui l’ont déjà vu, face à la mainmise sur l’information de quelques propriétaires milliardaires, aux censures qu’il révèle et à la fin annoncée de la redevance.
Le groupe Lagardère est mort. Sans attendre l’avis des autorités de la concurrence, Vivendi a lancé une OPA sur le groupe de médias et de communication. Le nouvel ensemble va constituer une concentration horizontale et verticale d’une ampleur jamais égalée en France. Une puissance au service des vues et intérêts de Vincent Bolloré.
Notre documentaire « Media Crash » décrit un paysage audiovisuel dominé par une poignée de milliardaires, où censures, autocensures, pressions publicitaires, manipulations, instrumentalisation de la justice, barbouzeries sont légion. Les responsabilités sont nombreuses et partagées.
Des écoutes judiciaires montrent que Vincent Bolloré a été renseigné à l’avance par le communicant Ramzi Khiroun sur le contenu d’une enquête de France 2 en 2016. Au même moment, le milliardaire était secrètement conseillé par Nicolas Sarkozy pour sa communication de crise.
Loin de bousculer Vincent Bolloré, la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias s’est montrée approximative et bavarde, mercredi, au lieu d’être rigoureuse et pugnace. L’homme d’affaires a pourtant tombé un peu le masque, laissant transparaître ses attaches nationalistes.
Vincent Bolloré absorbe et met au pas. Canal + en fit les frais, englouti par Vivendi. Plon a du plomb dans l’aile, encagé par Editis. Or ce géant de l’imprimé guigne Hachette, menaçant l’écosystème du livre. Trois femmes puissantes commentent un tel péril.
Avant de paraître au Seuil en octobre, la première biographie non autorisée sur Éric Zemmour du journaliste Étienne Girard devait être publiée chez Plon, propriété de Vincent Bolloré. La direction a préféré renoncer au projet, pourtant déjà signé et en partie rémunéré, par crainte que cela déplaise au milliardaire.
Alors que Bolloré étend son empire médiatique et que la concentration des médias inquiète, comment la presse indépendante peut-elle faire face ? Nos invités : Charlotte Clavreul, du Fonds pour une presse libre, Raphaël Garrigos, des Jours, Mathieu Molard, de StreetPress, et Agnès Rousseaux, de « Politis ».
Après avoir conquis Canal+, CNews, Europe 1, « Paris Match » ou encore « Le Journal du dimanche », Vincent Bolloré a engagé, d’après nos informations, des négociations pour prendre le contrôle du « Figaro ». Au risque de relancer les polémiques sur la concentration des médias au profit des puissances d’argent.
L’immense empire de presse que Vincent Bolloré constitue et qu’il met au service d’une candidature d’extrême droite souligne l’intense danger auquel conduit une concentration toujours plus accentuée des médias. Le débat autour des critères anticoncentration s’en trouve relancé.
En plaçant des personnes de confiance à la tête du « JDD » et de « Paris Match », le milliardaire renforce son empire et l’arrime davantage à l’extrême droite, pour faire campagne en faveur d’Éric Zemmour. Le procédé fait penser à l'asservissement de la presse des années 1930.