Constitué en cause exceptionnelle au cours des années 1990, le sida est aujourd’hui moins présent dans l’espace public, parfois laissé à ses spécialistes. En rassemblant quelques recherches actuelles sur l’épidémie, le dossier que lance La Vie des idées ce mois-ci montre que le sida reste un puissant révélateur des politiques médicales, sexuelles et raciales contemporaines.
AuAu cours des années 1990, l’épidémie de VIH/sida a fait l’objet d’une attention proportionnelle à l’effroi suscité par cette maladie. Cette période est marquée par la prolifération des discours et des initiatives : productions artistiques, recherches, actions militantes, campagnes de prévention, levée de fonds, etc. Ce traitement exceptionnel appartient désormais au passé. L’arrivée des trithérapies, en 1996, a contribué à normaliser la maladie, aujourd’hui souvent présentée comme traitable et chronique, du moins dans les pays du Nord. Les usages des antirétroviraux, comme traitement et comme prévention, permettent de soigner les malades, de les rendre non contaminants, ou de protéger les individus séronégatifs. Ce sont ces éléments qui permettent à l’ONU d’envisager, depuis 2011 et à long terme, la « fin du sida ».