ArtsChronique

La peinture des primitifs italiens est plus drôle qu'on ne le croit

Dans Maesta, découvert au festival de cinéma de Marseille (FID), une Passion du Christ s'anime, entre série B et comédie à la Tati.

Ludovic Lamant

La référence à Passion (1982) est une fausse piste. On l'évacue d'emblée. Chez Godard, la reconstitution en studio, avec décor et figurants, des plus grandes toiles de la peinture européenne, de Rembrandt à Goya, servait une réflexion ultra-ambitieuse sur les mérites comparés du cinéma, de la peinture et de la musique. Sur un registre plus modeste, et joyeux, Maesta d'Andy Guérif, découvert début juillet lors de la 26e édition du FID, le festival du cinéma de Marseille, est un autre film peint. Il emprunte les voies de la reconstitution au pli du drapé près, pour un tout autre projet, qui tire parfois vers la comédie à la Tati.
En une heure pile, le film (dont le titre est trompeur) donne vie aux 26 étapes d'une Passion du Christ peinte par Duccio en 1311 (et sans doute un peu avant pour certains fragments). Cette série de tableaux très colorés est visible aujourd'hui au musée des Œuvres du Duomo, à Sienne. Elle figure au dos de la partie centrale d'une Maesta, considérée comme la grande œuvre du peintre siennois. Le recto (la Maesta, soit une « Vierge en majesté ») était destiné à la vue des fidèles. Le verso, qu'on inspectait de plus près, presque le nez collé à la matière, était lui dirigé vers les membres du clergé. La toile d'ensemble mesure 3,70 mètres de haut sur 4,50 de large.
On n'est pas loin d'un écran de cinéma.

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