Au détour des livres (10). Les «Mille et Une Nuits» d'un philosophe malade
Dans un essai érudit, vif et par endroits très personnel, Ruwen Ogien met en pièces le dolorisme, cette théorie qui voudrait que « ce qui ne tue pas rend plus fort ». Car non seulement cette assertion est fausse, mais surtout elle risque de « conduire les plus faibles, les plus gravement malades ou handicapés au fatalisme, à accepter le sort cruel qui leur est fait, comme si c’était le mieux qu’ils pouvaient espérer ».
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QuandQuand, un jour de mai 2013, Ruwen Ogien apprit que la « bonne mine » que lui trouvaient ses amis n’était que le symptôme d’un cancer du pancréas, il ne fut ni abattu ni en colère. Aucun « cri de terreur ou de désespoir » comme en poussa le curé de campagne de Bernanos, aucun fatalisme du genre : « Je ne verrai probablement pas la coupe du monde de football en 2022 au Qatar. » Il resta relativement « indifférent à l’annonce » et douta même du diagnostic du médecin : « Chez nous, on meurt plutôt d’antisémitisme. »