Mathias Énard, aux antipodes du nombrilisme entomologique cultivé par tant d’écrivains, sonne l’appel du grand large, transmet une soif d’altérité, ausculte les différences, opte pour la coexistence et réfute l’incompatibilité : « Le monde a besoin de diversité, de diasporas », énonce Sarah, aux dernières pages de Boussole. Ce roman de quête et d’amour force les barrages et enfreint les démarcations ; tout en reconnaissant les frontières culturelles ou cultuelles, ces membranes faites pour être franchies au nom du partage : « Se promener dans Istanbul était, quel que soit le but de l'expédition, un déchirement de beauté dans la frontière – que l'on voie Constantinople comme la ville la plus à l'est de l'Europe ou la plus à l'ouest de l'Asie, comme une fin ou un commencement, comme une passerelle ou une lisière, cette mixité est fracturée par la nature, et le lieu y pèse sur l'histoire, comme l'histoire elle-même sur les hommes. »
La rentrée littéraire 2015 (14/20) Chronique
«Boussole», de Mathias Enard, nous indique enfin le Sud
Roman majeur de la rentrée littéraire, Boussole (Actes Sud) de Mathias Énard ouvre les voies de l'Orient des lumières. Une prose somptueuse porte ce projet littéraire et politique hors norme. Cet appel du grand large transmet une soif d’altérité, ausculte les différences, opte pour la coexistence: «Le monde a besoin de diversité, de diasporas», dit l'un de ses personnages, Sarah.
19 août 2015 à 09h03