L’amour est une région bien intéressante, comme disait Tchekhov. Et même passionnante, ainsi que l'écrit Simon Liberati dans Eva. Ou comment, d’un itinéraire un peu fracassé, faire une voie royale. Et se retrouver sur la liste du Goncourt. Extrait en fin d’article.
Notre désir est sans remède, de Mathieu Larnaudie, dit l’histoire de l’actrice Frances Farmer. Très loin du biopic, l’écrivain réinscrit l’histoire de cette indocile, bannie d’Hollywood puis psychiatrisée, dans le champ politique de l’Amérique bientôt maccarthyste. Passionnant. Extrait en fin.
Trois romans étrangers prennent l'Histoire – la guerre en Irak (« J’ai vu un homme » d’Owen Sheers), en Afghanistan (« Une Antigone à Kandahar » de Joydeep Roy-Bhattacharya) ou les émeutes de Los Angeles (« Six Jours » de Ryan Gattis) – par le versant de l'intime.
Parmi les 589 livres de la rentrée (dont 393 romans français), un premier roman, signé Marion Guillot dont on ne sait rien, sinon qu’elle est née en 1986. Changer d’air, annonce son titre, comme un manifeste, le constat d’un besoin, existentiel et littéraire, d'un ailleurs.
Hakan Günday, romancier turc né en 1976, signe avec Encore (Éd. Galaade) un roman sous forme de confession d'un enfant devenu passeur esclavagiste. Entretien à propos du sort que nous réservons aux réfugiés. Paroles coups de poing d'un réveilleur de consciences…
« La Cache », c’est l’histoire d’une famille, c’est aussi la France telle que nous l’aimons ou la rêvons (nous, venus d’horizons si divers), telle que nous la cauchemardons ou la vivons (nous, venus d’horizons si particuliers). « La Cache », c’est une Fiat 500 qui brûle les feux, une visite immobilière qui déménage. Extrait en fin d'article.
En 1959, Raymond Queneau publiait Zazie dans le métro. La petite fille a ses épigones contemporains : Laure Murat « devenue plus enragée que Zazie » ou Jane Sautière, qui traversent rames et lignes pour nous offrir des tranches de vie sociale, des éloges de la lecture et un voyage intérieur.
Du particulier d’un appartement thérapeutique à l’universel. Mary Dorsan, infirmière en psychiatrie, dans un formidable premier roman ancré dans le réel, nous parle de nous-mêmes. Générosités et indifférences, folies et refuges, soignants et soignés, rires, poux et coups, la vie en 700 pages, et c’est très court.
« La forme d'une ville/Change plus vite, hélas ! que le cœur d'un mortel », écrivait Baudelaire face au Paris moderne. C’est une disparition qu’observent dans deux livres Thomas B. Reverdy et Alexandre Friederich, celle de Detroit, incarnation urbaine d’une « apocalypse lente » et parabole : « l’occasion troublante, normalement impensable, de contempler les ruines de notre propre civilisation. »
Un thriller dans la forme, un défi à la loi des probabilités (et à la loi tout court mais c’est plus fréquent). Noël à Zurich et Pâques au cimetière : remarquablement informé, Montecristo démonte un système financier, interroge le courage et les lâchetés d’aujourd’hui. Mais Martin Suter jure qu’il ne fait que raconter des histoires.
La mère était la grande absente, dans les livres antérieurs de Christine Angot. Au mieux, une silhouette passante. Un amour impossible, récit apparemment simple, s’ouvrant à Châteauroux années 60, réconcilie intime et sociétal, une mère et sa fille, bouleverse sans pathos. Extrait en fin.
Refusé par plusieurs éditeurs français, dont Gallimard qui le publiait depuis 1996, refusé par son éditeur allemand, La Zone d’intérêt de Martin Amis, roman situé à Auschwitz, paraît ces jours-ci chez Calmann-Lévy. Comme le dit si bien Martin Amis lui-même, « l’écrivain a le droit de s’emparer de l’Histoire, encore faut-il qu’il en soit capable »…
« Évidemment, l’Holocauste pose problème à tous ceux qui se penchent sur la question. » Peut-on encore écrire sur ce passé qui conditionne nos modes de pensée contemporains ? Telle est la question centrale du roman-monde que publie l’écrivain islandais Eiríkur Örn Norđdahl, Illska (Le Mal), sans doute l’un des plus ambitieux de cette rentrée littéraire. Critique et premier chapitre du livre.
Roman majeur de la rentrée littéraire, Boussole (Actes Sud) de Mathias Énard ouvre les voies de l'Orient des lumières. Une prose somptueuse porte ce projet littéraire et politique hors norme. Cet appel du grand large transmet une soif d’altérité, ausculte les différences, opte pour la coexistence: «Le monde a besoin de diversité, de diasporas», dit l'un de ses personnages, Sarah.
Ces deux livres-là ont attendu quarante ans avant d’être écrits. Dans l’un, La Disparition de Philip S., Ulrike Edschmid relate le passage de son compagnon à la lutte armée et le Berlin alternatif. Dans l’autre, Entre les deux il n’y a rien, Mathieu Riboulet dit comment il a hérité de cette courte période, action violente et affranchissement des corps, avant les défaites. Extraits des romans en fin d'article.
Avec Marienbad électrique, Enrique Vila-Matas nous convie à une conversation intime, affectueuse, avec l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster, exposée à Beaubourg. Intime : aux sources de leurs créations. C’est à la fois réjouissant et stimulant. Passage en revue et entretien vidéo.
Qu’est-ce qu’un bon film, se demande l’un des personnages des Prépondérants, sinon « deux heures d’illusions pour ne laisser d’illusions à personne ? ». Ce pourrait être aussi la définition de l’ample et décapante fresque historique que publie Hédi Kaddour, où une bande de colons vit suspendue aux années 1920.
Newsletters
Découvrez les newsletters de Mediapart
Recevez directement l’info de votre choix : Quotidienne, Hebdo, Alerte, À l’air libre, Écologie, Enquête …
À l’occasion de la sortie du film Berlinguer, la grande ambition, le 8 octobre 2025, plongée dans la signification et l’héritage de la tentative de « compromis historique » avec la démocratie chrétienne menée par l’ancien dirigeant communiste italien dans les années 1970.
L’Espagne commémore cette année les 50 ans de la mort de son dictateur, le 20 novembre 1975, dans un climat électrique. Plongée dans les batailles mémorielles du pays, alors que les extrêmes droites, du parti Vox à l’influenceur Alvise Pérez, séduisent chez les nouvelles générations, en particulier les…
Tout a commencé en 2021, quand une tragédie oubliée émerge de la mémoire familiale de la journaliste et réalisatrice Safia Kessas. Le 23 mai 1956, l’armée française aurait investi nuitamment trois villages de Kabylie, tout proches de celui de ses parents, et massacré impitoyablement en quelques heures…