Livres

Gabriel García Márquez et les journalistes timides

Au début des années quatre-vingt-dix, l'écrivain colombien, décédé le 17 avril, était une célébrité inaccessible, et obtenir une interview un défi pour tous les journalistes. Le journaliste Miguel Angel del Arco, traduit par l'écrivain et éditeur François Maspero, fait ici le récit de sa rencontre à Mexico avec le déjà Prix Nobel de littérature, un prix comme une victoire au Mondial, un entretien comme un fleuve.

MIGUEL ÁNGEL DEL ARCO

En 1991, il était à l’apogée de sa gloire et de sa créativité. Que ce soit à Paris ou dans son village, à Barcelone ou à Mexico, il ne pouvait faire un pas sans provoquer un attroupement égal à celui des Rolling Stones. Impossible pour lui de se promener incognito : il n’allait au cinéma qu’à l’occasion de projections privées. Les invitations et les réceptions pleuvaient, les lecteurs le harcelaient pour obtenir un autographe, et il apprenait à dire non. La carapace de sa timidité l’abritait un peu mais ne suffisait pas, et il devait vivre en se protégeant. Il avait écrit un des romans en langue espagnole les plus lus, Cent Ans de solitude, après Pas de lettres pour le colonel, et avant L’Automne du Patriarche, celui-ci suivi d’un nouveau succès éclatant, Chronique d’une mort annoncée. L’ensemble lui avait valu le Prix Nobel de littérature, et ce fut comme si la Colombie avait gagné le Mondial du football, une folie collective autour du fils aîné du radiotélégraphiste puis pharmacien d’Aracataca, petit village perdu au milieu des bananeraies du département de Magdalena.

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