La famille, une école du crime. Premiers romans (2/4)
Meurtres, incestes, folie et fol amour, tragédie péri-urbaine, vices cachés ou montrés : la vie de famille est pleine de possibles. Arnaud Delrue nous la découpe étonnamment. Ismaël Jude en est le stupéfiant voyeur. Et tous deux usent de l’opaque pour mieux révéler. Extraits en fin d'article.
UnUn été en famille s’adresse à une jeune sœur et s’ouvre avec la première des 157 entrées numérotées qui le constituent, tels des instantanés. « Notre sœur était morte depuis une semaine. Maman ne voulait toujours pas voir le corps. Elle était restée sur le parking, dans la voiture de Paul. » Cela pourrait apparaître, d’abord, comme un de ces dispositifs littéraires vite lassants. C’est l’inverse, nécessaire car le découpage pourrait être celui d’un film. Arnaud Delrue use de l’ellipse comme un cinéaste (et l’on s’aperçoit alors, sur la courte fiche biographique qui accompagne son livre, que l’auteur est aussi photographe). Ordinaire trompeur, césures, qui évoquent fugitivement, en termes d’atmosphère, le beau Shotgun stories de Jeff Nichols.