Livres

«Le 15 mars 1928» d’un écrivain martyr de la littérature prolétarienne japonaise

Takiji Kobayashi (1903-1933) est connu pour Le Bateau-usine, son chef-d’œuvre. Son premier roman, Le 15 mars 1928, longtemps censuré, est enfin disponible en français. Le jeune écrivain, qui mourra des suites de répression policière, y documente la rafle de 1 600 communistes menée au Japon, dont il fut témoin.

Feya Dervitsiotis (En attendant Nadeau)

Ce jour-là devait se tenir une conférence appelant à renverser « ce cabinet réactionnaire de porteurs de sabres ». Elle fut remplacée par une répression de grande ampleur, orchestrée par le premier ministre Tanaka, en réaction à la mince percée communiste aux élections de février 1928, les premières au suffrage universel. Ce 15 mars commence lorsque, avant l’aube, les policiers viennent arracher à leur sommeil des dizaines d’hommes pour les interner sans explications. Au commissariat, on fredonne des poèmes de Maxime Gorki, on dort, on hurle à la mort, on rit, on proteste contre l’illégalité dont on est victime, on pleure, on discute, on réfléchit, on essaie de « fuir la détresse morale qui saisit nécessairement quiconque se trouve un jour enfermé dans un endroit pareil ».

Réservé aux abonné·es

Se connecter

La lecture des articles est réservée aux abonné·es

Se connecter