L’entreprise fondée par Jeff Bezos est un totem du capitalisme contemporain. Commerce en ligne tentaculaire, souci de la logistique poussé à un degré jamais atteint, attaques sur les libraires, mais aussi empreinte écologique affolante et management implacable: partout dans le monde, le roi du e-commerce fait mal.
Le géant du commerce en ligne communique en grande pompe sur ses engagements climatiques à l’horizon 2040. Mais le bilan carbone publié chaque année par Amazon est largement sous-estimé. Les émissions de gaz à effet de serre du groupe sont en pleine explosion, entre autres à cause de son développement massif du très polluant fret aérien.
Licencié par Amazon en mars 2020 après avoir organisé une manifestation pour demander de meilleures protections en pleine pandémie, Chris Smalls se bat pour la création d’un syndicat dans son ancien entrepôt, JFK8. Si sa lutte aboutit, elle pourrait faire tache d’huile.
Depuis 2007, année d’installation de son premier entrepôt dans le Loiret, la multinationale n’a cessé d’étendre son emprise sur le territoire hexagonal. De quatre sites en 2016, elle est passée à 40 cinq ans plus tard. Une dizaine d’autres sont en projet.
Ce devrait être le huitième entrepôt Amazon de France, et l’un des plus vastes. À Petit-Couronne, un site dédié à l’e-commerce se prépare sur les lieux d’une ancienne raffinerie. Mais dans l’agglomération, tout le monde ne l’entend pas de cette oreille.
La multinationale multiplie les coups de boutoir contre le prix unique du livre. Les libraires s’y opposent et viennent de remporter une importante victoire sur les frais de transport. Le monde de l’édition, lui, est plus ambigu.
Le géant américain du commerce en ligne n’hésite pas à licencier des syndicalistes, et la CGT multiplie les procédures judiciaires. En cinq mois, l’entreprise a été condamnée trois fois pour avoir écarté trop facilement des militants ou des responsables syndicaux.
Si la préparation des fêtes de fin d’année y fait grimper en flèche le nombre d’intérimaires, le recours au travail temporaire est une réalité incontournable chez le géant de l’e-commerce. Les agences d’intérim ont même leurs propres locaux « on site » dans les huit entrepôts français.
Pour le sociologue David Gaborieau, Amazon est « l’arbre qui cache la forêt » de la logistique, un secteur qui accueille désormais un quart des ouvriers français, et où les conditions de travail sont particulièrement difficiles.
En trois décennies, le groupe numérique s’est construit un empire global, dominant par la puissance de ses algorithmes et de ses technologies d’intelligence artificielle, non seulement le commerce en ligne mais nombre d’activités numériques. Jusqu’alors incontestée, cette puissance commence à faire peur. Premier volet de notre série sur le géant de la vente en ligne.
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