C'est sans doute le désir de remettre de l'ordre dans leurs comptes avant la fin de l'année. Ces dernières semaines, les déclarations des dirigeants de grands groupes comme d'entreprises plus discrètes annonçant leur levée de stock-options et leurs ventes immédiates, voire des allégements substantiels de leur position, abondent sur le site de l'Autorité des marchés financiers.
«Ont-ils des informations que nous n'avons pas?», ne peut s'empêcher de se demander Colette Neuville, la présidente de l'association des actionnaires minoritaires (ADAM), à la vue de ces mouvements frénétiques. L'arrivée à terme de plans de stock-options, l'envolée irréelle des marchés financiers expliquent une partie de ces opérations. Leur ampleur, cependant, ne manifeste pas une grande confiance dans l'avenir.
Ainsi le groupe Danone ne cesse d'envoyer des signaux rassurants sur son avenir. Ses produits (yaourts, eau, etc.) figurent, assure-t-il, parmi les plus insensibles à la crise. Mais comment concilier ce message avec celui envoyé par son président Franck Riboud? Le 14 décembre, celui-ci s'est empressé de lever ses stock-options pour les revendre aussitôt. L'opération d'un montant de 10,7 millions d'euros se traduit par une plus-value de 2,4 millions d'euros pour lui. Une sorte de record dans le genre. Dans la foulée, son directeur général, Emmanuel Faber, a réalisé le même aller-retour mais à son échelle: la plus-value est seulement de 232.966 euros, un dixième de celle de son président.
Ce type d'opérations a foisonné ces dernières semaines. Thierry Desmarest, président du conseil d'administration de Total, s'est ainsi empressé de vendre ses stocks à peine levés. Plus-value: 104.750 euros sur une opération d'un million. Le vice-président du comité exécutif du groupe pétrolier, François Cornelis, a lui multiplié les allers et retours ces dernières semaines, sans doute en vue de préparer sa retraite. Bilan de ces transactions: une plus-value de 292.389 euros pour un capital constitué de 2,15 millions.
Comparé à Jean-René Fourtou, cela paraît un peu dérisoire. Il est vrai que l'ancien PDG d'Aventis et de Vivendi est un expert en la matière. Profitant d'un généreux plan de stock-options dont il avait été un des heureux attributaires en tant que responsable d'Aventis, celui-ci a soldé une partie de ses comptes à la fin de l'année. Il a levé le 11 décembre pour 11,7 millions d'euros de stock-options Sanofi-Aventis pour les revendre tout de suite après. Plus-value dans cette opération: 644.955 euros. Voilà qui viendra arrondir un patrimoine qui doit désormais dépasser largement les 50 millions d'euros. Il faut savoir récompenser les talents d'un capitaine d'industrie, qui s'est illustré tant à la tête de Rhône-Poulenc que de Vivendi en passant par la gestion de l'affaire Rhodia. 
L'exemple venant du haut, tous les autres le suivent. C'est le président de la Compagnie générale de géophysique-veritas, Robert Brunck, qui a analysé attentivement le sort de ses titres dans les derniers jours de décembre. Résultat? Une plus-value de 716.687 euros et un capital de 1,6 million d'euros en quelques jours. C'est le directeur général de Pernod-Ricard, Pierre Pringuet, qui profite d'un doublement du cours par rapport à ses stock-options pour engranger 305.235 euros de plus-values. C'est le directeur général de Sodexo, Michel Lourdel, qui en quelques heures devient l'heureux bénéficaire d'une plus-value de 438.000 euros. C'est l'ensemble de la direction de Dassault System qui se précipite pour concrétiser tout de suite la différence entre un plan de stock-options à 23 euros et un cours de Bourse à 39 euros. Cadeau de Noël pour chaque membre : entre 50.000 et 160.000 euros de plus-values. Et à chaque fois, le signe d'une confiance renouvelée dans les perspectives futures de leur entreprise.
Les patrons ont soigné leurs rémunérations de fin d’année
Faut-il interpréter cela comme un signe de confiance? Ces dernières semaines, les dirigeants des grandes comme des petites entreprises se sont précipités pour réaliser leur plan de stock-options et les revendre par la suite. A la clef, à chaque fois, de solides plus-values. Franck Riboud, le patron de Danone, a ainsi empoché 2,4 millions d'euros. Mais les deux dirigeants de BNP Paribas n'ont pas fait mal non plus: entre juin et décembre 2009, ils ont empoché plus de 2,6 millions d'euros de plus-values.
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