Les services de Christine Lagarde n'ont pas traîné pour réagir, vendredi 30 juillet, à la publication du rapport du Fonds monétaire international (FMI): cette évaluation de l'économie française «souligne la pertinence de la politique budgétaire» conduite par le gouvernement, claironne le communiqué. Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre a même cru discerner un «hommage» au gouvernement, et un «camouflet» pour la gauche, dans ce document d'une soixantaine de pages.
C'est que l'occasion est trop belle: le FMI de Dominique Strauss-Kahn y accorde un satisfecit à la politique de rigueur annoncée jusqu'en 2013. Il se félicite ainsi du fait que «les mesures déjà annoncées sur les recettes et les dépenses sont de grande envergure». Mieux: l'institution appelle de ses vœux des «initiatives plus poussées» et soutient, sans détour, la «grande et difficile» réforme des retraites menée par le ministre du travail Eric Woerth. Supervisé par un possible adversaire à Nicolas Sarkozy pour l'élection présidentielle de 2012, ce rapport «de mission» a de quoi déstabiliser le camp socialiste.
Joints par Mediapart, des élus PS refusent toutefois la lecture triomphaliste qu'en donne le gouvernement. «Le FMI insiste surtout sur les risques baissiers qui menacent la croissance en France», avance Michel Sapin, secrétaire national du PS à l'économie. «La principale leçon de ce rapport, c'est que le plan d'austérité mis en place en France va casser la croissance, et l'emploi», poursuit Pierre-Alain Muet. Le député du Rhône fait allusion aux prévisions du Fonds jusqu'en 2013, assez sévères pour la France, en tout cas très en deçà des scénarios défendus par Christine Lagarde.
Paris continue de parier sur une progression de 2,5% du Produit intérieur brut (PIB) par an, de 2011 à 2013. Un scénario volontairement «ambitieux», qui devrait être révisé à la baisse dès la rentrée. Le FMI, lui, est nettement plus pessimiste, et table sur des hausses de 1,4% cette année, puis de 1,6% l'an prochain, et de 1,8% en 2012. «Les mêmes mécanismes qui ont permis à l'économie française de mieux résister que d'autres à la récession, c'est-à-dire de solides stabilisateurs automatiques, une protection sociale conséquente, et certaines rigidités sur les marchés du travail et de la production, devraient également ralentir le rythme de la reprise», explique le Fonds.
Sur le marché de l'emploi, pas de quoi pavoiser: «le chômage devrait rester élevé», touchant en particulier les plus jeunes. Le FMI table sur un taux de chômage à 10% cette année et à 10,1% en 2011.
Conséquence de cette reprise plus «molle» et «fragile» que prévu, les rentrées fiscales devraient s'établir, elles aussi, en deçà des prévisions de Bercy, et donc compliquer la lutte contre les déficits. Le FMI anticipe un déficit public à 6,1% du PIB fin 2011, contre 6% promis par le gouvernement, mais surtout à 3,9% fin 2013, contre 3% annoncé. En clair: le FMI valide implicitement la politique d'économies annoncées pour 2011 (les 8,5 à 10 milliards d'euros d'économies sur les niches fiscales et sociales), mais juge encore trop timide la rigueur promise pour les années suivantes. D'où la nécessité d'«initiatives plus poussées» pour rentrer dans les clous de Maastricht (les 3% du PIB), mais aussi les démonstrations de joie, côté Bercy, à la publication du rapport.
Le FMI de DSK soutient la réforme des retraites
Dans son dernier rapport sur l'économie française, le FMI valide les grandes lignes de la rigueur prônée par le gouvernement. Au passage, l'institution de Dominique Strauss-Kahn défend sans détour la réforme des retraites d'Eric Woerth. Qu'en dit le PS? «Sur les retraites, cela aura des conséquences politiques assez lourdes», assure le socialiste Michel Sapin.
2 août 2010 à 19h02