Quand Nicolas Sarkozy a présenté, jeudi 4 décembre, à Douai (Nord), son plan de relance de 26 milliards d’euros, il s’est déjà, ce jour-là, exposé à des critiques aussi nombreuses que légitimes. Absence de toute mesure sociale, mise à part une mini-prime pour les plus modestes; aucun plan pour soutenir un pouvoir d'achat en baisse pour la première fois depuis très longtemps; nouvelle ponction dans les fonds du livret A au risque de menacer encore un peu plus le financement du logement social; coup de canifs dans la réglementation anti-corruption encadrant les marchés publics: le dispositif élyséen est apparu bien discutable dans nombres de ses points. On n'avait pourtant encore rien vu. Une autre disposition va être ajoutée à cet arsenal censé amortir le choc de la récession, visant à rendre les pertes de 2008 en Bourse déductibles des revenus 2009 et donc à minorer d’autant l’impôt sur le revenu de 2010. Une disposition aussi farfelue que scandaleuse!
La Tribune le sénateur de l’Oise, Philippe Marini «en concertationMarini, un familier de l'Elysée
Non, nul au monde n’avait osé imaginer une semblable assurance tout risque... sauf en France, où l’idée a donc été le plus sérieusement du monde mise à l’étude par Philippe Marini, avec l’appui de Bercy. Incroyable mais vrai ! Au passage, il faut souligner que le sénateur Philippe Marini est un familier de l'Elysée: il est par exemple l'un de ceux qui ont été conviés à entrer dans le saint des saints, le petit groupe de confiance qui, du "Château", a piloté la célèbre "RGPP" (la révision générale des politiques publiques).
dernière enquête TNS-SofresLas! Le feu vert donné par Bercy à l’amendement de Philippe Marini a valeur de rappel: mise à part la mini-mesure de plafonnement, ce sont d’abord les plus hauts revenus qui sont les chouchous de la politique fiscale du gouvernement. C'est la critique que Benoît Hamon, nouveau porte-parole du Parti socialiste, a formulé dimanche, au micro de France Info (voir notre onglet prolonger): «On pense aux boursicoteurs et pas du tout aux salariés qui sont victimes de la spéculation en bourse».
La mesure Marini/Bercy est tellement incongrue, est tellement choquante, qu’on en vient à penser que Karl Marx avait raison: «Le capital noie toutes choses dans les eaux glacées du calcul égoïste.» Sauf que, dans le cas présent, le capital a peut-être bon dos. C’est surtout la politique de Nicolas Sarkozy qui est ici en cause.