A la suite de notre article sur « La faillite de Dexia : un scandale plus grave que le Crédit lyonnais », la direction de Dexia nous a envoyé cette mise au point.
Affirmer qu’ « ajoutés aux 6 milliards d’euros perdus depuis trois ans, l’addition s’élève déjà à plus de 18 milliards d’euros! » est inexact. Le résultat cumulé des années 2008, 2009 et 2010 s’élève à une perte totale de 1,6 milliard d’euros (dont une perte de 3.3 milliards d’euros en 2008 et un résultat net cumulé positif de 1.7 milliard d’euros en 2009 et 2010), qui ajoutée à celle de 2011 (11,6 milliards d’euros) atteint 13,2 milliards d’euros et non 18 milliards d’euros.
Les 11,6 milliards d’euros de pertes de 2011 résultent essentiellement de trois facteurs : de la crise de la zone euro et des portefeuilles souverains constitués par Dexia jusqu’en 2008 (3,4 milliards d’euros de pertes sur les titres grecs) ; de pertes de 2.6 milliards d’euros liées à la cession de portefeuilles purement financiers constitués jusqu’en 2008 et surtout de la cession de la totalité des subprimes détenus par le groupe aux Etats-Unis (9.5 milliards de dollars) ; de la cession de DBB (Dexia Banque Belgique, aujourd’hui Belfius) à l’Etat belge (4 milliards d’euros de pertes), à laquelle s’est ajoutée celle de DMA (1 milliard d’euros de perte).
La taille de bilan a été réduite plus vite que l’article ne l’indique. En effet, si en 2008 le bilan de Dexia était de 650 milliards d’euros, il est, à fin décembre 2011, de 413 milliards – et non de 500 milliards d’euros - et sera de l’ordre de 300 milliards d’euros à l'issue des cessions engagées. Le besoin de financement court terme a été réduit de 265 milliards d’euros en septembre 2008 à 96 milliards d’euros au 30 juin 2011. Le portefeuille d’actifs non-stratégiques a, pour sa part, été réduit de 121 milliards d’euros en 3 ans.
Enfin, l’encours de Dexia Crédit Local auprès du secteur public local est de 64 milliards d’euros au 31 décembre 2011. 48 milliards d’euros sont logés dans DMA (structure dans laquelle l’Etat, la CDC et LBP prennent une participation, évoquée dans l’article), dont 37 milliards d’euros pour les collectivités locales.
Quant aux emprunts toxiques évoqués, Dexia, comme toutes les banques de la place, ne reconnaît que l’échelle Gissler. L’encours global hors Charte Gissler est de 5.8 milliards d’euros. 4.4 milliards d’euros sont logés dans DMA, dont 3.7 milliards d’euros détenus par des collectivités locales. Il est donc inexact d’indiquer qu’ « il est déjà prévu de détourner 12 milliards d’euros du Livret A pour assurer le financement de la banque et permettre aux collectivités de renégocier leurs 70 milliards d’emprunts toxiques », les emprunts hors Charte des collectivités locales - qui pourront être renégociés dans le cadre de la nouvelle structure, portant l’encours de DMA - s’élèvent à 3.7 milliards d’euros. Le fait que ces emprunts soient hors Charte ne signifie pas nécessairement qu’ils correspondent à un risque matérialisé.
Dans sa réponse, Dexia oublie l’augmentation de capital de 6,6 milliards d’euros, consentis par les Etats belge, français et luxembourgeois en 2008, milliards qui se sont totalement volatilisés en moins de trois ans : L’opération avait été souscrite à 9,90 euros par action, le titre Dexia cote actuellement à 0, 30 euro.
De même, la banque estime que les prêts toxiques aux collectivités locales s’élèvent à 5,8 milliards d’euros . Dans un premier texte législatif, présenté en octobre, sur le sauvetage de Dexia, le gouvernement avait estimé le montant des prêts toxiques à 10 milliards d’euros, et avait apporté une garantie particulière pour ces prêts. Par la suite, le montage imaginé pour sauver Dexia mettait tellement en situation dangereuse la Caisse des dépôts qu’il a fallu en proposer un autre. Selon les dirigeants de la banque postale, associée à la reprise de l’ancien crédit local de France avec la Caisse des dépôts, une enveloppe de 12 milliards est bien prévue pour assurer le financement des prêts toxiques et permettre aux collectivités de les racheter, afin de les annuler avant d’en souscrire d’autres, plus conformes aux règles de prudence.
Économie et social
Une mise au point de Dexia
A la suite de notre article sur « La faillite de Dexia, un scandale plus grave que le Crédit lyonnais », la direction de la banque nous a fait parvenir une mise au point.
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