Airbus : ces grands programmes qui obscurcissent l’horizon
A380, A400M, A350... Annoncés en fanfare, ces trois programmes devaient être le symbole de la réussite d'Airbus. Dix ans plus tard, le groupe accumule déboires et retards sur ces grands projets, qui vampirisent ses ressources financières et humaines. Les salariés d'Airbus s'inquiètent: alors que le duopole Boeing-Airbus est condamné à terme, leur groupe sera-t-il capable de relever les défis pour assurer son avenir? Le succès d'Airbus repose toujours sur l'A320, un modèle qui a plus de vingt ans.
Ce jour-là, François Fillon était en voyage en Chine. Le premier ministre annonçait triomphant que Pékin avait choisi le moteur CFM développé par General Electric et Safran pour équiper son futur avion moyen courrier C919. Ce jour-là, le gouvernement et la presse en prirent pour leur grade chez les salariés d'Airbus: décidément, ils ne comprenaient rien. «Plutôt que de se féliciter de ces grands contrats politiques, et de faire les gros titres des journaux, le gouvernement ferait mieux de réfléchir. Après la ligne de montage de l'A320, on leur vend les moteurs. Nous sommes en train de leur donner toutes les armes pour leur permettre de nous concurrencer plus vite», maugréait Paul, cadre d'Airbus.