Économie et social Analyse

OMC : la neutralité de la présidence française de l'UE à l'épreuve

L'OMC envisage de convoquer à la mi-juin à Genève une trentaine de ministres du commerce et de l'agriculture des pays clés, pour compléter et «mettre à l'équerre» les principaux piliers du cycle de Doha, ce qui permettrait de le conclure fin 2008. L'affaire pourrait mettre à rude épreuve la neutralité dont les Français devront faire preuve quand ils prendront, pour six mois, la présidence tournante de l'Union européenne le 1er juillet. A l'approche de ces échéances, la France, première bénéficiaire de la Politique agricole commune, habille son protectionnisme de nouveaux oripeaux.

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L'Organisation mondiale du commerce pourrait bien mettre à l'épreuve la neutralité dont la France devra faire preuve quand elle présidera l'Union européenne pendant la seconde moitié de l'année 2008. Et ce sans attendre le 1er juillet, quand Paris prendra le relais de Ljubljana à la tête des 27. De passage à Paris, le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a confirmé à quelques journalistes qu'il visait la mi-juin pour convoquer à Genève, au siège de l'organisation, une trentaine de ministres du commerce et de l'agriculture représentant les pays qui animent le cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha. «Au moment où je penserai, à tort ou à raison, que c'est mûr», dit-il.
Beaucoup dépendra du travail technique qui va reprendre à partir du 26 mai dans les principaux groupes de négociation (agriculture, tarifs industriels), mais si cette «mini-ministérielle» se réunit, la pratique veut que les ministres européens rejoignent les rives du lac Léman pour «soutenir» leurs négociateurs, les commissaires européens au commerce, Peter Mandelson, et à l'agriculture, Marian Fischer Boel. L'histoire de ces discussions enseigne aussi que la délégation française, toute à ses intérêts défensifs en matière agricole, soutient les négociateurs européens comme la corde soutient le pendu.
Or, la pression (pour ne pas dire le harcèlement) à laquelle ont été soumis par Paris les commissaires au commerce successifs (Sir Leon Brittan, Pascal Lamy lui-même dans ses précédentes responsabilités) et Peter Mandelson cadre mal avec le rôle «d'honnête courtier» chargé de dégager un consensus européen qui revient, sur tous les dossiers, au pays qui assume la présidence tournante de l'Union. En juin, c'est encore la Slovénie qui sera dans ce rôle mais, comme le fait observer un vétéran de la scène européenne, «la neutralité, cela commence un mois avant et cela se termine un mois après». Surtout, les partenaires européens de la France attendant de vérifier dans la pratique si c'est le pli du protectionnisme agricole chiraquien qui va s'imposer naturellement ou si la «rupture» sarkozienne est à l'ordre du jour. Principale bénéficiaire des subsides de la PAC (9 milliards d'euros en 2007), la France est évidemment juge et partie. Enfin, observe le directeur général de l'OMC, «il y a une détermination collective de conclure avant la fin de cette administration américaine». Ce qui fait que le paquet final serait soumis à l'appréciation des dirigeants européens avant la fin de l'année 2008, sous présidence française.

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